L’édito de Fabrice Grosfilley : Une si longue campagne
La campagne électorale est-elle devant ou déjà derrière nous ? Si nous pouvons nous poser cette question ce matin c’est parce qu’une curieuse impression se dégage ce lundi, à la lecture de vos quotidiens ou à l’écoute de vos bulletins d’information. Ce weekend trois partis politiques ont ainsi tenu des congrès de campagne. Les Engagés à Saint-Josse, Ecolo à Namur et Défi à Mons. On notera d’ailleurs cet étonnant chassé-croisé géographique, qui amène un parti centriste très implanté en Wallonie à venir se réunir dans un quartier populaire de la Région bruxelloise, alors que deux formations perçues comme plus bruxelloises sont allées battre campagne en Wallonie, mais passons. Nos partis font campagne partout. Et même Défi, anciennement FDF, parti bruxellois par excellence, rêve (depuis longtemps) de décrocher des sièges en Wallonie.
Ce qui nous semble troublant, ou étonnant dans la séquence c’est le retard pris dans la confection des listes. Tous les candidats ne sont à ce stade pas encore annoncés. Nous connaissons l’essentiel, qui sera tête de liste, qui est en position éligible, qui est resté sur le carreau.. Mais il reste encore de-ci de-là des trous à combler. Comme si des candidats pressentis tardaient à faire connaitre leur réponse, ou qu’on cherchait toujours un oiseau rare pour ajouter une plume à son chapeau. Nous sommes à trois mois du scrutin. Les partis politiques ont encore un peu de temps devant eux, c’est le 12 avril que les listes devront être déposées auprès des bureaux principaux de circonscription et le lundi 15 avril à 16 heures cette liste sera donc publiée après vérification. Jusqu’au 12 avril on peut, légalement en tout cas, encore modifier les listes que l’on souhaite présenter à l’électeur.
Si nous regardons dans notre rétroviseur, cette confection des listes est en cours depuis longtemps. Depuis le mois de septembre, l’essentiel de la chronique politique tourne autour de cette question. Le premier a avoir lancé les hostilités fut Maxime Prévot qui a annoncé un certain nombre de ralliement à son parti les Engagés, des personnalités venues de la société civile qui se lançaient pour la première fois en politique, comme Yves Coppieters ou l’animatrice Armelle par exemple, ou à Bruxelles la présidente de la Mutualité chrétienne Elisabeth Degryse. Rechercher le candidat qui apporte sa notoriété et si possible de la compétence, tous les partis s’y sont essayé. De Julie Taton et Marc Ysaye pour le MR en Wallonie (à Bruxelles David Leisterh a été plus sobre avec Olivier Willockx), à Luc Hennart et Yvon Englert pour le PS en passant par Ludvine de Magnanville pour Défi par exemple. Et puis il y a les feuilletons à rebondissement. Charles Michel qui renonce à être tête de liste au parlement européen, Sophie Wilmes qui renonce à être tête de liste dans l’arrondissement de Bruxelles pour le remplacer, Valérie Galtiny qui remplace Sophie Wilmes. Ou Youssef Handichi qui effectue le remarquable saut périlleux qui l’emmènera du PTB au Mouvement Réformateur. Et il y eut aussi les choix stratégiques, Ahmed Laoueej (PS), chef de groupe à la chambre qui se présente à la région, Zakia Khattabi (Ecolo), ministre fédérale qui le suit sur le même terrain. Caroline Désir (PS) et Ridouane Chahid (PS) qui se présentent au fédéral etc.
Ces questions de casting sont survenues dans un moment où le débat autour de la sécurité s’emballait. Fusillade après fusillade le débat s’est envenimé. Le fédéral qui n’aide pas assez Bruxelles, les bruxellois qui ne s’aident pas assez entre eux, le ministre-président qui ne serait pas assez présent, ou le ministre-président qui n’aurait pas assez de pouvoir, les zones de police trop nombreuses qu’il faudrait fusionner, les zones de police qu’il faut au contraire garder pour conserver une police de proximité. Tous ces débats viennent d’avoir lieu. A tel point qu’on a le sentiment que cette campagne électorale est sur le point de s’achever… Au mieux on se demande quel autre thème pourrait désormais dominer le débat public. Pourtant il reste des thèmes dignes d’intérêt : la mobilité, l’emploi, l’orthodoxie budgétaire, l’extension du métro… Il est impossible de dire dans quelle direction le débat rebondira. Trois mois de campagne c’est encore long. On se demande si nos partis politiques ne sont pas partis un petit peu tôt… et qu’ils ont couru un 100 mètres au lieu du marathon. Que vous soyez acteur, commentateur ou simple spectateur de la vie politique, il va en falloir du souffle, pour tenir jusqu’au 9 juin.
►L’Edito de Fabrice Grosfilley