L’édito de Fabrice Grosfilley : une menace toujours présente
Le terrorisme n’a pas disparu. La menace terroriste est toujours présente. Et le travail de la police reste toujours de prévenir cette menace, d’essayer de l’anticiper et de la contrer avant que les faits ne soient commis. Voici comment on pourrait résumer les informations qui nous sont parvenues cette semaine. Lundi, on apprenait que deux opérations anti-terroriste avaient été menées en Belgique . L’une au départ d’Anvers, l’autre au départ de Bruxelles. Perquisitions, interpellations… Au final trois mandats d’arrêt. Ce matin les journaux flamands du groupe Mediahuis ont un peu plus précisé ce qui est reproché à ces jeunes gens radicalisés, parmi lesquels figure au moins un bruxellois. Ils projetaient notamment d’assassiner le président de la N-VA et bourgmestre d’Anvers Bart De Wever.
Il faut rester prudent, ce ne sont que des informations de presse, seuls les enquêteurs savent vraiment ce qui figure dans le dossier, mais “le nom de Bart De Wever est en effet apparu dans l’enquête anversoise”, confirme Eric Van der Sypt, le porte-parole du parquet fédéral, “mais il n’était pas question d’un jour ou d’une heure établis pour commettre l’attentat. Cela n’était pas encore si concret”. a-t-il commenté. Apparemment, c’est l’interdiction du port de signes convictionnels par le personnel de l’administration communale anversoise qui aurait en partie motivé ce projet d’assassinat.
Cette opération de police jette un nouveau coup de projecteur sur la présence d’individus radicalisés sur le sol belge. Il y a toujours à Bruxelles, Anvers, Eupen et sans doute ailleurs des jeunes qui sont prêts à utiliser la violence pour exprimer leur vision radicale de la religion et tenter de faire progresser la cause dont ils se réclament. On pourrait leur rétorquer qu’assassiner un bourgmestre ne changera probablement rien au vécu quotidien des musulmans de Belgique, ni ailleurs dans le monde, que cela ne fera que dresser les communautés les unes contre les autres. Mais on perdrait notre temps à utiliser des arguments rationnels avec des gens qui sont de toute évidence dans une démarche irrationnelle.
Hasard ou malice du calendrier, ces informations tombent en plein procès des attentats du 22 mars où l’on a entendu cette semaine des “témoins de contexte”, notamment un professeur de géopolitique et une politologique venus expliquer comment l’État islamique (organisation terroriste qui n’avait rien d’un État il faut le préciser) recrutait des militants de par le monde. Résumé de leurs interventions : il n’existe pas de facteur unique à l’engagement dans le radicalisme violent. Celui-ci est motivé par la combinaison de plusieurs facteurs où la personnalité, l’histoire familiale, le contexte international s’entremêlent.
Ce vendredi matin, autre hasard, le conseil des ministres doit valider une proposition du ministre de la Justice qui doit permettre à la base de données de l’Ocam, l’organe central d’analyse de le menace, d’être plus efficace. Pour que les informations qui y figurent soient mieux partagées. Et pour que les éléments de santé mentale (la radicalisation peut se conjuguer à une dérive sociale et mentale) puissent aussi être immédiatement partagées vers les policiers de terrain. On pense évidement aussi au meurtre du police Thomas Monjoie à Schaerbeek. On le voit : le travail n’est pas terminé. Le terrorisme islamiste, ou le terrorisme d’extrême-droite, les narco-trafiquants : toutes ces menaces sont réelles. Les démocraties, pour ne pas sombrer, doivent s’en protéger.
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Fabrice Grosfilley