L’édito de Fabrice Grosfilley : transports en commun
Dans son édito de ce mercredi 29 mai, Fabrice Grosfilley revient sur les chiffres de la STIB.
Comment va la STIB ? C’est la question à laquelle tente de répondre année après année le rapport annuel de la Société des Transports Intercommunaux Bruxellois. Ce rapport a donc été publié hier. Il a permis d’aligner des chiffres : 375 millions de voyageurs transportés l’an dernier, une augmentation de 11 % sur un an. Un chiffre qui reste toutefois en dessous de ceux qu’on observait avant la pandémie de COVID-19. L’entreprise emploie plus de 10 000 collaborateurs et collaboratrices, ce qui en fait le plus gros employeur de la capitale.
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Au total, les engins de la STIB, tram, bus et métro, ont parcouru 53 millions de kilomètres, chiffre également en augmentation, sur 87 lignes à travers tout Bruxelles. On note une augmentation de la fréquentation en soirée et pendant le week-end, preuve que la STIB ne sert pas qu’à aller au travail, qu’elle devient un réflexe pour des déplacements liés au shopping ou aux loisirs aussi. La note de satisfaction des clients est de 7,3/10, comparable à ce qu’elle était ces dernières années.
Ça, c’est pour le bilan. Quand on regarde vers le futur, il y a le tram 10, qui reliera Neder-Over-Heembeek au centre-ville à partir du mois de septembre, et d’autres projets en cours, la ligne 15 entre Belgica et la gare du Nord, via Tour et Taxis, ou encore un projet pour mieux desservir Anderlecht. Et puis, il y a évidemment le renouvellement du matériel roulant, avec des métros, des trams et des bus plus modernes et progressivement électrifiés qui sont en cours de livraison.
Côté métro, évidemment, le gros morceau, c’est le fameux métro 3, avec l’extension vers Schaerbeek et Evere. L’administrateur délégué a réitéré hier son soutien à ce projet, et ce n’est pas tout à fait une surprise, puisque la STIB est à l’origine du dossier et depuis toujours sa fervente promotrice. Pourtant, ce projet de métro est aujourd’hui fortement questionné par certains acteurs associatifs, qui le trouvent dispendieux et peu utile. Il est surtout hypothéqué par la réalité des chiffres budgétaires. Ce n’est pas tout à fait le même débat. On peut, sur le principe, être favorable au métro, être convaincu de sa pertinence pour accompagner le développement des quartiers situés dans l’Est, souligner que c’est le métro, qui par sa grande capacité, permet le mieux de lutter contre la congestion automobile et toutes les nuisances qui l’accompagnent, et quand même se demander si la région bruxelloise en a les moyens. Ce débat, vous l’entendez, anime en partie la campagne électorale. Il sera l’un des gros enjeux de la prochaine législature. Il faudra, dans les cinq ans qui viennent, décider si on maintient ou non ce projet, et si on le maintient, comment on le finance. Pour certains, il faut que le fédéral participe davantage ; pour d’autres, c’est un partenariat public-privé, avec le privé qui avance l’argent et le public qui rembourse sur une plus longue période, qui permettrait de le faire.
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Ce que nous dit ce volumineux rapport annuel de la STIB, c’est qu’on ne devrait peut-être pas se focaliser uniquement sur le métro. Que le développement futur de la STIB passe aussi par une augmentation des fréquences, une amplitude horaire plus importante, tard le soir ou tôt le matin. Par des innovations technologiques aussi. De plus en plus de voyageurs paient leur voyage directement avec leur carte bancaire et non plus en achetant des tickets, par exemple. Il y a aussi le sentiment de confort, qui agit directement sur la motivation du voyageur. Une rame bondée, un couloir sale, le sentiment d’insécurité, tout cela joue beaucoup sur notre désir ou non de recourir aux transports en commun. Dans cette campagne électorale, il faudrait donc qu’on puisse parler de cela aussi ; et savoir comment, dans les cinq ans qui viennent et aussi pour les cinq années suivantes, parce qu’il faut parfois du temps pour développer des projets, on va investir dans nos transports en commun. Il ne faudrait pas que les 4 milliards ou plus du métro 3 cachent tout le reste du travail de la STIB. Parce que c’est aujourd’hui une évidence. Bruxelles a besoin de la STIB. C’est vrai pour ceux qui empruntent ces lignes. Et c’est vrai aussi pour ceux qui ne les empruntent pas. Sans transports en commun, notre ville serait simplement invivable.
Fabrice Grosfilley