L’édito de Fabrice Grosfilley : toujours plus chaud

Ce mardi, dans Bonjour Bruxelles, Fabrice Grosfilley revenait sur le rapport du GIEC paru ce lundi 20 mars.

Cela devrait être un événement considérable… et, pourtant, cela a un air de déjà vu, déjà entendu, déjà lu…

Le rapport du GIEC ne nous apprend au final pas grand-chose. En tout cas, rien que l’on ne sache pas déjà. Rien que nous ne redoutions pas déjà.

Le GIEC (groupe international des experts sur le climat)  a donc rendu hier un nouveau rapport sur l’évolution du climat. Rapport de synthèse, 6e du nom, le dernier datait de 2014. 10 000 pages d’exposés scientifiques, qui sont elles-mêmes le résumé de toutes les recherches effectuées dans le monde. Le résumé du résumé pour les décideurs fait 36 pages. Et, même celui-là, on n’est pas sûr qu’ils le lisent vraiment.

On n’est pas sûr qu’ils le lisent, parce que ce signal d’alarme n’est pas le premier. Année après année, le cri des scientifiques semble retentir dans le vide. On fait des grand-messes, des beaux discours à la tribune des Nations unies. On donne la parole à Greta Thunberg, on introduit un paragraphe climat à la fin du communiqué de presse des sommets internationaux. Mais rien qui puisse endiguer le réchauffement de la planète. Rien qui inverse la tendance. On se réunit à Rio, à Kyoto, à Johannesburg, à Copenhague, à Paris. On prend des engagements… et, quelques années plus tard, on se rend compte que les engagements n’ont pas été tenus.

Où en sommes-nous en matière de climat ? Le réchauffement atteindra 1,5 degré dès 2030 (au plus tard en 2035) nous indique ce rapport. 1,5 de plus qu’avant l’industrialisation. On en est déjà à 1,2 degré. Les 8 dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées au niveau mondial. Mais, dans quelques années, elles seront parmi les plus fraiches de ce que nous aurons connu.

Hasard du calendrier, ce matin, un chercheur belge tire le signal d’alarme sur la prolifération des rats. Rats, fouines et autres rongeurs seront plus nombreux cette année parce que l’hiver a été plus doux. Cela va se traduire par trois portées supplémentaires pour une rate femelle, soit 36 jeunes par an. L’augmentation sera exponentielle, prévient ce chercheur interrogé par l’agence Belga. Les conséquences des aléas climatiques, c’est ça, entre autre. Et il y a, il y aura, beaucoup d’autres exemples, dans l’évolution de la faune et de la flore, dans les rendements en agriculture, la multiplication des catastrophes naturelles…

Nous n’avons pas fini de devoir nous adapter. La Belgique et l’Union européenne ne feront pas exception.

Pour inverser la tendance, il faudrait multiplier les investissements actuels entre trois et six fois, un engagement financier considérable. Un engagement qu’il faut consentir au plus vite. Il nous reste une poignée d’années pour le faire et tenter de limiter le réchauffement à 2 degrés. Ce que nous ferons dans les dix ans qui viennent aura un impact pour des centaines ou des milliers d’années, alertent les scientifiques.

“Les solutions existent, mais le monde marche alors qu’il faudrait sprinter”, résume le GIEC. Alors, oui, on peut penser que cela ne nous concerne pas. On peut décider de s’en moquer. On peut privilégier son petit confort personnel. On peut même faire un bras d’honneur à la science pour s’enfermer dans son égoïsme aveugle. Mais il faudra accepter que l’Histoire et les générations du futur puissent un jour nous juger, sur ce que nous n’aurons pas fait.

 

Fabrice Grosfilley