L’édito de Fabrice Grosfilley : mettre sur pause

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L’édito de Fabrice Grosfilley

Faire pause, pouce, marquer un temps d’arrêt. C’est le sentiment que j’aurais envie de partager avec vous ce vendredi matin. Prendre le temps de s’arrêter, de regarder Bruxelles le monde, de le comprendre. Essayer de ne plus être soumis au rythme de l’actualité, mais  garder sur ce flux d’information qui nous inonde à chaque instant une forme de contrôle. Ne plus encaisser passivement les nouvelles mais les accompagner. Décoder. Relativiser. Ne pas rester impuissant et essayer d’être acteur.

Hier matin dans cet éditorial je vous disais la nécessité de regarder avec attention ce qui se passe en France. Et de nous méfier, parce qu’en matière de cohésion sociale et compréhension mutuelle les blessures française et les blessures belges ne sont pas forcement très différentes. Et oui, le comportement des policiers, même s’il ne sont qu’une petite minorité, lorsqu’ils se permettent des violences gratuites, des injures racistes ou des abus d’autorités, sont autant de petite mines déposées dans la conscience collective de la jeunesse. Des brimades et des injustice dont on se souviendra plus tard et qui serviront de carburant à la colère et à la révolte.Quand on marche sur un champ de mines on a intérêt à bien regarder ou l’on met les pieds.

Le problème ne concerne d’ailleurs peut-être pas que la jeunesse. Nous sommes aussi de nombreux adultes à avoir, dans notre vie, eu affaire à de nombreux  policiers qui font leur boulot avec beaucoup de compétence et de dévouement…. Mais à avoir aussi du croiser parfois des policiers qui déploient une agressivité inutile, pour ne pas dire un abus d’autorité manifeste. Pour ces policiers qui dérapent, la pause s’impose. C’est à leur hiérarchie d’en prendre conscience si elle veut rétablir la confiance. La police a le monopole de la force. Ce monopole lui  est confié dans le but de faire respecter l’état de droit, pas pour jouer au shérif et rouler du biceps.

Mettre sur pause c’est aussi ce que ce souhaite probablement Hadja Lahbib, la ministre des affaires étrangères. Ce jeudi après-midi la majorité a voté comme un seul homme (à deux abstentions près) une motion pure et simple qui maintient la confiance dans la ministre ainsi que dans le chef de gouvernement. Mais cette ministre sort éreintée de la séquence. Abîmée par une communication maladroite. Plombée par l’affaire des visas, dépréciée par l’exercice d’une “real politique” et des compromissions avec un régime iranien peu fréquentable alors qu’elle était censée apporter un vent de fraîcheur et prétendait faire de la politique autrement.

Pause encore, dans le réchauffement climatique. On aimerait que cela soit possible, on sait que cela ne l’est pas. Avec une humanité qui donne l’impression de foncer dans le mur en discutant de la couleur de la voiture. Les relevés météo ne font pas de pause. Le mois 2023 a été le plus chaud jamais enregistré en Belgique. Nous volons de record en record. Les autorités françaises ont déjà acté qu’il faut se préparer à un réchauffement de 4 degrés d’ici 2100.

La pause, nous nous allons la faire. La semaine prochaine “Bonjour Bruxelles” passera en formule été. Nous allons continuer à vous informer, mais avec une format un peu allégé. Ce vendredi  matin c’est la 120e édition de cette matinale info que nous avons lancée au mois de janvier :  120 éditos comme celui ci mais aussi et surtout 360 interviews pour vous donner à entendre ce qui fait l’actualité à Bruxelles et dans le monde, le journal de 8 heures, le travail de nos reporters, la dose d’humour, et toute l’énergie que nous y mettons pour vous informer au mieux. Ce n’est donc qu’une pause. Parce que nous avons besoin nous aussi de recharger nos batteries, de prendre du recul, de réfléchir ce que nous pouvons ou devons améliorer pour encore mieux vous servir. Et nous reviendrons encore plus fort à la fin du mois d’août.

 

Fabrice Grosfilley