L’édito de Fabrice Grosfilley : et bonne rentrée quand même !

De la lassitude, du ras-le-bol, de l’indifférence. Mais aussi, et c’est tant mieux, encore un peu d’indignation, d’exaspération et même, de la colère. Voici les sentiments que pourraient ressentir les citoyens bruxellois ce matin, alors que les députés font leur rentrée officielle avec la première séance plénière. Du 21 juillet à la mi-septembre, c’est la pause traditionnelle du Parlement bruxellois. Pour le Parlement fédéral, la rentrée est officiellement fixée au deuxième mardi d’octobre. Cela ne veut pas dire que les parlementaires ne font rien pendant tout ce temps : on peut toujours organiser des commissions et poser des questions écrites, même quand la session parlementaire n’a pas officiellement débuté. À Bruxelles, par exemple, le bureau de l’assemblée s’est déjà réuni la semaine dernière.

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Cette première séance plénière marque donc le coup d’envoi d’une nouvelle session parlementaire. Pour la deuxième année de suite, les parlementaires se retrouvent dans une configuration inhabituelle. Il n’y a pas de gouvernement de plein exercice et pas non plus de majorité parlementaire constituée. Toutes les tentatives pour en former une ont avorté. Le vote des projets se fait donc au coup par coup. On a eu une majorité assez hétéroclite pour reporter la zone de basse émission, une majorité de gauche contre les loyers abusifs, une majorité de droite pour reporter la hausse des allocations familiales, une majorité que l’on qualifiera de rationnel pour voter les douzièmes provisoires.

Ce ne sont pas les parlementaires que l’on doit blâmer, mais leurs états-majors. Ce sont bien les partis, leurs présidents au niveau national pour les uns, au niveau bruxellois pour les autres, ou leurs chefs de délégation qui sont en cause. La confection d’une majorité, c’est l’affaire d’une dizaine de personnes, une vingtaine si l’on ajoute les proches conseillers qui sont le plus souvent à la manœuvre.

Face à ce marasme qui paralyse la région bruxelloise depuis un an, trois mois et six jours, les parlementaires ont une occasion historique de prendre la main. Après tout, c’est au Parlement que le citoyen accorde sa confiance, pas au gouvernement. Aux parlementaires donc de se montrer innovants et de conclure des majorités au cas par cas, y compris en matière de budget. Car c’est l’urgence du moment : sortir des douzièmes provisoires, qui enlèvent de la prévisibilité et du confort aux associations et aux administrations, tout en n’aidant pas au désendettement puisque le budget 2024, année électorale, n’était pas particulièrement prudent.

Une majorité pour le budget, c’est faisable à six partis. À sept, à huit. Ou même à cinq si l’on peut compter sur des ralliements extérieurs et des abstentions bienveillantes. Et au moment du vote, chaque groupe, et chaque parlementaire à titre individuel, devra assumer. Il y aura ceux qui auront essayé de remettre la région bruxelloise sur les rails. Et ceux qui auront refusé de le faire au prétexte que ce n’était pas assez, ou que c’était trop, ou que leurs priorités n’auront pas été suffisamment entendu.

Ce matin, ces parlementaires commenceront par renouveler le bureau de l’assemblée. Selon toute vraisemblance, c’est Bertin Mampaka, le doyen d’âge, qui devrait conserver la présidence. Une sorte de choix par défaut, de continuité dans le provisoire, tant qu’on n’a pas de vue claire sur une majorité qui pourrait se dégager. Hier après-midi, les chefs de groupe de la potentielle majorité à six avaient envisagé de reporter le vote de quelques semaines, histoire de voir comment les discussions budgétaires allaient tourner. On leur a fait remarquer que ne pas désigner un président en bonne et due forme dès le début de la session serait une entorse au règlement, et que l’on n’avait pas besoin de cela.

Et effectivement, ce dont on a besoin maintenant, c’est d’un Parlement qui travaille, d’un Parlement qui avance. D’un Parlement qui aura aussi le courage de dire aux présidents de parti que c’est l’intérêt des Bruxellois qui prime sur tout le reste. Et qu’il est grand temps, maintenant, que les stratégies de parti, les oukases, les coups de billard à trois bandes, les opérations de communication partisanes ou personnelles retournent définitivement dans les tiroirs.

Fabrice Grosfilley 

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