L’édito de Fabrice Grosfilley : démonter le palais pour voir la fin du tunnel
Démonter le Palais du Midi. C’est donc la solution retenue par le gouvernement de la Région Bruxelloise pour pouvoir relancer les travaux du métro. Démonter pour être concret, cela veut dire garder les façades, mais détruire l’intérieur qui va dans les prochaines années devenir un chantier à ciel ouvert. C’est de là que l’on pourra donc forer et accéder au sous-sol pour pouvoir couler les piliers de béton qui sont nécessaires à la stabilisation du métro. Cette solution va donc couter de l’argent, on parle de 400 millions. Cela va prendre du temps, ce genre de chantier se compte en année (jusque 2029-2030 sauf nouveau retard). Cela va inévitablement provoquer un traumatisme pour tous ceux qui vivent ou travaillent dans ce quartier.
Le Palais du Midi accueille aujourd’hui une 40 aine de commerces. Mais aussi une salle de réception, des salles de sport, 3 gymnases. On y organise des matchs de futsal, des tournois d’arts martiaux et des galas de boxe notamment. Le Palais du Midi, c’est aussi la Haute école Franciso Ferrer, (3400 élèves dont 1200 qui fréquentent cette implantation), avec des formations en arts appliqués ou, en électronique par exemple. Il va falloir reloger ces élèves. Il va falloir trouver d’autres lieux pour les activités sportives. Il va falloir offrir des perspectives aux commerçants. Tout ne va pas se faire en un jour. Les travaux de démontage ne débuteront qu’en 2025. Il est possible qu’on puisse travailler par phases, avec des parties du palais qui pourraient être partiellement occupées par moment.
Ces travaux sont présentés par les autorités politiques et par les ingénieurs qui les conseillent comme la moins pire des solutions. Ce chantier du métro a été lancé en 2020, il aurait dû s’achever à la fin de l’année dernière. Depuis 2022, le chantier est à l’arrêt. Un chantier à l’arrêt ça veut dire un trou béant, des barrière, des embarras de circulation et de la poussière à n’en plus finir. Une cicatrice qui ne se referme pas, un coup-de-poing quotidien en pleine figure pour un quartier qui n’avait pas besoin de cela. Tout cela pour une portion de 120 mètres, sous le palais du midi. Les fondations de béton coulées dans cette zone se sont avérées instables. Il fallait donc forer plus profond et plus solide. Cela aurait pris 8 ans de plus et cela aurait doublé le coût total des travaux. Démonter le palais pour pouvoir travailler à la verticale est donc une solution plus rapide et plus économique.
Il n’empêche que ces travaux donnent le vertige. Qu’il va falloir ensuite reconstruire ce palais. Est-ce qu’on le gardera à l’identique, est-ce qu’on en profitera pour réaliser certains aménagements, ce sont des questions qui vont devoir se poser. Le bon côté des choses, c’est que nous avons maintenant une perspective, que cette décision va enfin permettre de boucler ce premier tronçon du projet de métro 3, discuter concrètement de la relocalisation des salles des sports, des commerces, de la haute école. Qu’on va pouvoir envisager de réaménager le début du boulevard Stalingrad. Avoir un nouveau calendrier, c’est toujours mieux que de rester face à des travaux bloqués et pour lesquels plus rien ne bouge. Parce, vous me pardonnerez ce mauvais jeu de mots, on va enfin pouvoir apercevoir un bout du tunnel que les habitants attendent depuis trop longtemps.
Fabrice Grosfilley