L’édito de Fabrice Grosfilley : à Ramallah, la Région bruxelloise tente la diplomatie commerciale

La Région bruxelloise sera désormais présente à Ramallah, la capitale des territoires palestiniens. Une présence par le biais d’un bureau du commerce extérieur. C’est en apparence très anecdotique. Mais cette petite information a une portée symbolique assez évidente.

Ce bureau a donc été officiellement inauguré aujourd’hui par Isabelle Grippa la patronne de l’agence Hub et Pascal Smet, le secrétaire d’état au commerce extérieur, en présence de Rachid Madrane, le président du parlement Bruxellois. Hub pour rappel c’est notre agence pour l’accompagnement de l’entreprise, une sorte d’administration du commerce et de l’économie si vous voulez, qui a donc dans ses compétences, le soutien aux entreprises bruxelloises qui souhaitent exporter ou importer. Cette agence de Ramallah sera très modeste, un seul collaborateur. Elle s’installe dans des locaux qui n’appartiendront pas à la Région bruxelloise puisqu’elle sera hébergée dans le bâtiment de l’agence pour la coopération au développement qui dépend de l’État fédéral.

Cette ouverture est symbolique parce que la Région bruxelloise va être la première entité belge à avoir une délégation officielle au sein des territoires gérés par l’autorité palestinienne. Au niveau de l’état fédéral, la Belgique possède une ambassade à Tel Aviv et un consulat à Jérusalem, mais rien dans les territoires. Pour les régions et communauté même chose, c’est au départ de Jérusalem qu’on discute avec les Palestiniens quand il y a lieu de le faire. Mettre un pied à Ramallah c’est donc un geste diplomatique, un signal qu’on envoie aux Palestiniens bien sûr, mais aussi à la population bruxelloise, qui éprouve  plutôt de la sympathie pour le peuple palestinien.

Il ne faut quand même pas se bercer d’illusion. Le commerce extérieur palestinien reste une activité embryonnaire. Les territoires doivent énormément importer (pour l’énergie, l’alimentation) et ils exportent très peu. Un peu d’huile d’olive, des fruits et des légumes, du marbre, des meubles, quelques produits transformés. Les exportations palestinienne représentent un chiffre d’affaire d’un milliard d’euros alors que les importations sont 6 fois plus importantes. Si on veut comparer : les exportations israéliennes sont de l’ordre de 60 milliards, 60 fois plus. Et puis surtout, tout ce qui entre ou sort des territoires passe par Israël, c’est donc une économie particulièrement dépendante du bon vouloir de son puissant voisin.

Après Israël, l’Union Européenne est le deuxième partenaire commercial des Palestiniens. Si on prend État par État, la Belgique arrive en 8e position. En inaugurant ce bureau Pascal Smet a émis le souhait que des entreprises bruxelloises actives dans le secteur des technologies de l’information puissent donc y trouver de nouveaux débouchés. On verra à l’usage. Ce qui semble assez évident c’est qu’on est ici dans un exercice de diplomatie commerciale. Et en l’occurrence le terme diplomatique a plus de poids que le projet commercial.  Alors qu’ année après année le débat sur un éventuel boycott des importations israéliennes revient régulièrement, voici la région Bruxelloise qui tente de booster  ses échanges commerciaux avec les palestinien eux-mêmes. Dans ce débat autour du boycott c’est une sorte de 3e voix qui n’est pas forcément intéressante… même s’il faut  avoir bien conscience qu’elle n’aura qu’un impact extrêmement modeste.