Le taux de TFA dans l’eau bruxelloise est supérieur à la future norme européenne

Robinet Eau Vivaqua - BX1

Depuis 2021, Vivaqua analyse la teneur en Pfas de l’eau de distribution. La Région bruxelloise est au-dessus de la future norme européenne dans quasi tous les prélèvements, mais à y regarder de plus près, c’est le TFA (acide trifluoracétique) qui est pointé du doigt. Selon la RTBF, seulement 8 analyses sur les 287 réalisées par Vivaqua sont conformes à la future directive européenne.

Pour mieux comprendre, il faut d’abord expliquer ce qu’est le TFA. Il s’agit du plus petit polluant éternel de la famille des Pfas. Constitué d’une chaîne ultra-courte de carbone et de fluor, il est très mobile et ubiquitaire dans l’air et l’eau. On le retrouve partout, y compris dans les eaux de pluie. Le TFA est surtout utilisé dans l’industrie agrochimique pour fabriquer des pesticides ou des produits pharmaceutiques. Les études ne sont pas catégoriques concernant sa toxicité pour l’humain.

Selon le Conseil scientifique indépendant, “une toxicité du TFA sur l’Homme aux concentrations environnementales est peu probable“. Le TFA s’élimine plus rapidement du corps humain que les PFAS à chaîne longue.

Cependant, des scientifiques du RIVM, l’Institut de Santé publique néerlandais, constatent dans la littérature scientifique des effets sur le foie et n’excluent pas un impact sur le système immunitaire.

Par contre, son élimination est très complexe et ne peut actuellement se faire que grâce à un processus d’osmose inverse, très onéreux à mettre en place.

Si depuis 2021, Vivaqua a ce TFA dans le visieur, c’est parce qu’une nouvelle norme européenne doit rentrer en vigueur en janvier 2026. Elle a déjà été transposée dans la législation bruxelloise. Le gouvernement a pris un arrêté dans ce sens. Il sera donc interdit de dépasser les 500 ng/L.

Actuellement, la valeur guide qui compte, est celle du scientifique indépendant de Wallonie, fixée à 2.000 ng/L. Aucun des prélèvements de Vivaqua ne dépasse ce chiffre.

La fourchette va de 500 ng/L à 1900 ng/L pour le maximum enregistré au réservoir de Daussoulx-Boitsfort.

Revoir la norme européenne

Au vu des résultats dans plusieurs pays, des discussions sont toujours en cours au niveau européen afin de revoir la norme pour le TFA. En Flandre, il a été décidé d’exclure le TFA des autres Pfas. Si Bruxelles faisait la même chose, elle respecterait la norme des 500 ng/L.

Pour Vivaqua, il est donc un peu tôt pour parler des solutions à mettre en place. La technique de l’osmose inverse coûte cher, mais est efficace. Elle fait juste perdre une importante quantité d’eau lors du traitement. Cependant, les chercheurs se penchent sur des nouvelles techniques moins onéreuses.

Pour le ministre sortant de la Santé, Alain Maron (Ecolo), “il faut interdire les Pfas à la source : production et usage. La France est partie dans cette direction. En attendant, à Bruxelles, le gouvernement a pris un arrêté pour la norme et il devra être respecté.”

V.Lh. – Photo: BX1