Le syndicat socialiste signe un accord “historique” avec Uber

La FGTB représentera les chauffeurs et coursiers indépendants qui le souhaitent. Une première en Europe. Le syndicat chrétien se dit surpris et s’interroge.

Voir aussi : Les taxis bruxellois manifestent contre l’ordonnance “sparadrap” et l’augmentation du numerus clausus

La FGTB-UBT, branche “transport” du syndicat socialiste, et la division belge d’Uber, géant américain de la mobilité, ont signé un accord afin d’instaurer un dialogue social, révèlent Le Soir, De Standaard, Het Nieuwsblad et la Gazet van Antwerpen vendredi.

Concrètement, l’accord implique que la plateforme reconnaisse la FGTB-UBT comme représentante de ses collaborateurs indépendants et s’engage à travailler dans le cadre de la concertation à l’amélioration des conditions de travail et des revenus de ces derniers. Qui auront, bien sûr, le choix de s’affilier ou pas. Au total, plusieurs milliers de personnes sont concernées, car le deal porte à la fois sur les filiales “transport rémunéré de personnes” (environ 2.000 chauffeurs) et Uber Eats, spécialisée dans la livraison de plats (avec au moins 3.000 livreurs).

“C’est une étape extrêmement positive”, assure Tom Peeters, secrétaire fédéral adjoint transport et logistique. Historique aussi. “On s’est battus durant des années contre les plateformes, en particulier contre Uber. Et cela a mené à quoi ? A rien. Ces entreprises ne vont pas disparaître (…) La Belgique est une terre de compromis, ce qu’il faut, c’est du dialogue.”

Interrogé ce vendredi, il ajoute : “On pourrait renouveler les discussions sur les statuts. C’est un grand pas au niveau de notre travail syndical. Pour nous, un chauffeur, c’est un chauffeur, peu importe qu’il soit salarié ou indépendant. On défend tous les chauffeurs”.

Un permanent prendra début 2023 ses quartiers dans le “hub” bruxellois où transitent régulièrement les chauffeurs et les coursiers partenaires de la plateforme.

La CSC stupéfaite

Au syndicat chrétien, l’accord est, par contre, accueilli avec incompréhension. “C’est une surprise totale pour nous”, confie Martin Willems, de la CSC United Freelancers, pour les indépendants sans personnel.

Pour lui, il est incompréhensible que la FGTB parvienne à un accord à ce moment précis. Une nouvelle législation au niveau belge et européen est en effet en vue, poussant le travail sur plateforme vers le statut de salarié. “Pourquoi conclure un accord avant que ce cadre ne soit en place?”, s’interroge Nicolas Willems.

Il souligne également que les syndicats sont toujours engagés dans une bataille juridique avec les services de plateforme au sujet de ce statut.

Anaïs Corbin avec Belga – Photo: Belga/Paul-Henri Verlooy

 

■ Interview de Tom Peeters, secrétaire fédéral adjoint transport et logistique

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21 octobre 2022 - 07h55
Modifié le 21 octobre 2022 - 14h49