Le procès des attentats de Bruxelles reprend avec les commentaires des parties sur le témoignage des enquêteurs

Procès Attentats 22 mars 2016 Bruxelles Justitia - Belga Pool Benoit Doppagne

Le procès des attentats du 22 mars 2016 a été suspendu durant deux jours, suite au décès de l’avocat Sébastien Courtoy.

Les commentaires auraient dû être faits lundi, mais le programme a été quelque peu bousculé après le décès inopiné de Me Sébastien Courtoy, avocat principal de l’accusé Smaïl Farisi, durant les congés de détente. Le procès a dès lors été suspendu mardi et mercredi, afin de permettre au collaborateur de Me Courtoy, Me Michel Degrève, de réorganiser la défense.

En début d’audience ce matin, on a appris que Me Michel Degrève, serait désormais le “Dominus litis” de l’accusé et que Me Cassandra Steegmans plaiderait avec lui. Smail Farisi était le seul accusé absent à la reprise du procès jeudi matin.

Les interventions des experts et témoins (notamment Sûreté de l’État, Ocam, psychiatre) qui étaient planifiées cette semaine ont été reportées au mois d’avril. De la sorte, les témoignages de victimes pourront commencer comme prévu lundi après-midi, après une matinée consacrée aux interventions des médecins spécialisés en traumatologie.

La suite du mois de mars sera intégralement consacrée aux victimes, de Zaventem puis de Maelbeek, qui viendront témoigner devant la cour.

“Il faudra acquitter Salah Abdeslam”

Après les commentaires du parquet fédéral et des parties civiles, la parole a été donnée aux avocats de la défense. Aucun commentaire n’a été fait par le conseil d’Osama Krayem, qui passe systématiquement les journées d’audience au cellulaire. Me Paci s’est alors exprimée pour Salah Abdeslam, assurant aux jurés qu’il leur faudrait acquitter son client de tentatives d’assassinat et d’assassinats terroristes, après avoir démonté un à un les sept points le concernant dans l’acte d’accusation.

Me Paci a débuté son intervention en rappelant que l’arrêt du procès des attentats de Paris avait bien fait une distinction entre la participation à une organisation terroriste et la participation aux faits du 13 novembre. “Un des principes de base de notre droit pénal, c’est l’individualisation“, a-t-elle déclaré. “On doit être condamné pour ce qu’on a fait.” Salah Abdeslam a déjà été condamné pour les faits de Paris ainsi que pour la fusillade la rue du Dries, a-t-elle rappelé.

“Il aurait dû mourir à paris”

Le 22 mars, jour des attentats, il était en prison et n’avait plus eu aucun contact avec les autres accusés ou kamikazes depuis le 15, a-t-elle ajouté.  Elle s’est ensuite attelée à démentir les sept points du chapitre consacré à son client dans l’acte d’accusation.

Concernant son intégration à la cellule de Bruxelles, Me Paci a rappelé qu’en arrivant à Bruxelles au lendemain des attentats de Paris, c’est à la rue Henri Bergé que s’est rendu Salah Abdeslam. “Il aurait dû mourir à Paris, il ne l’a pas fait. Il est recherché partout, ce qu’il rejoint alors c’est le reste de la cellule des attentats de Paris, pas de Bruxelles. (…) Cette cellule est évidemment en colère (qu’il ne soit pas mort en martyr, NDLR) et c’est dans ce contexte qu’il va devoir donner des gages“, selon elle. “C’est pratique de dire qu’il aurait pu être Abrini, qu’il aurait pu être à Zaventem“, a-t-elle poursuivi en réaction aux commentaires de procureurs fédéraux. “Avec des si, on met Paris en bouteille“, a-t-elle ajouté. “Mais ça ne va pas dans le principe même de l’individualisation, la question c’est de savoir ce qu’a fait chacun, c’est ça l’essentiel.”

Armes

Elle a ensuite démenti la présence de son client dans toutes les caches. Concernant la présence d’armes dans les caches où il a résidé, la pénaliste a rappelé qu’il avait déjà été condamné pour ces faits dans le cadre du procès de la rue du Dries et qu’en outre, il n’avait jamais utilisé ces armes. L’utilisation des ordinateurs des caches par son client et les lettres ne sont pas plus des éléments de participation aux faits du 22 mars, a-t-elle ajouté.

Il n’a pas participé aux achats (nécessaires à la fabrication des bombes, NDLR), n’a pas participé à la confection des bombes, aux discussions, aux recherches internet, à la location d’un appartement“, il n’y a “aucun élément” pour dire qu’il a pu participer d’une quelconque manière à la structure des attentats, a-t-elle martelé.

Enfin, Me Paci estime que la fuite et l’arrestation de Salah Abdeslam après la fusillade de la rue du Dries prouvent plusieurs choses: “le cloisonnement est hyper important, clairement les informations ne circulent pas puisqu’il ne sait pas où sont les autres“, “sa fuite démontre qu’il n’a pas fait ce qu’on attendait de lui” (mourir comme un martyr, NDLR).  “Ce qu’on vous demande à partir de maintenant, c’est de garder en tête, au moment de prendre votre décision, qu’il faudra acquitter Monsieur Abdeslam” pour les assassinats et tentatives d’assassinats à Bruxelles le 22 mars, a-t-elle conclu à destination des jurés.

Belga 

Notre dossier sur le procès des attentats de Bruxelles