Le duo Bouchez-Prévot reçoit les acteurs de l’enseignement

Les acteurs de l’enseignement  viennent exposer à Georges-Louis Bouchez et Maxime Prévot leurs attentes, craintes, et leurs éventuelles “lignes rouges” en vue d’une déclaration de politique communautaire. Le futur du Pacte pour un Enseignement d’excellence et le statut des enseignants sont deux éléments qui inquiètent le secteur.

Les présidents du MR et des Engagés ont entamé vendredi leur dernier jour de consultations de la société civile. Alliés pour la formation des futurs gouvernements wallon et de Fédération Wallonie-Bruxelles, ils accueillent tout au long de la journée les acteurs de l’enseignement, dans les salles du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Un premier groupe a été reçu à 8h00, avec des représentants des directions du fondamental et du secondaire, du spécialisé, et des PMS. L’entrevue était prévue jusqu’à 10h00 mais a débordé de près d’une heure. Le duo Bouchez-Prévot “pose beaucoup de questions, et les intervenants échangent aussi entre eux”, entend-on dans l’entourage des deux “formateurs”.

Les intervenants, à la sortie, se disent satisfaits d’avoir été écoutés, sans garantie cependant que leurs revendications soient suivies. Le duo Bouchez-Prévot n’a pas fait de promesse, comme l’indique Nicolas Lejeune, du collectif de PMS “Faut l’dire”: “Ils nous ont écoutés. Ils nous ont bien dit qu’ils n’étaient pas magiciens”. Pour les PMS, “petit poucet” du budget mais chaînon essentiel du monde de l’école, les attentes sont claires: un refinancement. Cet élément a été repris dans les programmes respectifs du MR et des Engagés en vue des élections. “On a bon espoir”, conclut donc Nicolas Lejeune.

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Un second groupe a été reçu à partir de 11h00. On y retrouve entre autres les syndicats de l’enseignement et les pouvoirs organisateurs. L’objectif est de “mettre en avant certains points principaux: le pacte d’excellence, qu’en fait-on? Est-ce qu’on continue, est-ce qu’on freine? Et l’aspect budgétaire? On a très peur des restrictions”, a résumé Joseph Thonon, président communautaire pour la CGSP Enseignement, avant d’entrer dans la salle de réunion. Mais “la vraie concertation, ce n’est pas aujourd’hui qu’on l’aura”, nuance-t-il. C’est “quand on aura la déclaration de politique communautaire qu’on pourra éventuellement soit combattre, soit négocier”.

Pour le Segec (secrétariat général de l’enseignement catholique), un des principes fondamentaux à suivre sera la “continuité”, explique Etienne Michel, son directeur général. Et cela vaut pour le Pacte pour un enseignement d’excellence, que le président du MR souhaite revoir voire “remettre à plat”. “Deux législatures ont été marquées par le paradigme du pacte. Il est important de continuer dans cette ligne-là”, estime Etienne Michel. “Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’inflexions possibles, par exemple en termes de simplification administrative, de soutien aux directions d’école. Il y a des choses à faire, qui ne sont pas du tout incompatibles avec la trajectoire du pacte”.

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A la sortie de la réunion, vers 13h30, les syndicats parlent d’une seule voix pour clairement rejeter un abandon de la nomination des enseignants, là où les Engagés proposent de créer un nouveau statut non-nommé mais “sous CDI”. Toucher au statut n’est pas, aux yeux des syndicats, une solution pour répondre à la pénurie d’enseignants, un problème qui se fait de plus en plus prégnant.  “Aujourd’hui, ils ont l’air d’imaginer que le statut empêche la mobilité des enseignants. On peut leur démontrer que ce n’est pas la réalité”, pointe Roland Lahaye, secrétaire général de la CSC Enseignement. Pour le SLFP Enseignement, la présidente communautaire Masanka Tshimanga embraie: “La réaction a été: statutarisation ne veut pas dire stabilité d’emploi. Et là, je ne suis pas d’accord. Parce qu’une fois qu’un membre du personnel est nommé, cette personne bénéficie quand même de plus de protection. Je ne pense pas seulement au licenciement, il y a l’après, les congés dont on peut bénéficier… (…) Ils disent qu’il n’est pas normal qu’un enseignant qui a parfois quinze ans d’ancienneté ne soit pas encore stabilisé dans sa fonction. Que par un CDI, il pourrait être stabilisé plus tôt. Je n’y crois pas”, ajoute-t-elle.

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“Faciliter la nomination serait pour moi plus bénéfique que de la stopper et de mettre tout le monde en CDI”.  “L’attractivité du métier, c’est ça qui compte”, complète Xavier Toussaint, président de la CSC Enseignement. “J’ai plaidé pour une révision de la charge de travail. Il faut pouvoir identifier quelle est la charge réelle, objectiver le temps de travail, le nombre de tâches (…) On doit rendre le métier attractif, et le statut fait partie de cette attractivité”.

Selon plusieurs intervenants, les syndicats et les négociateurs seront “amenés à se revoir” pour discuter de la pénurie d’enseignants, mais aussi du Pacte d’excellence, et de l’allongement du tronc commun qu’il prévoit et qui ne convainc pas le MR. “Si on ne trouve pas des solutions pérennes à la pénurie, on aura beau imaginer toutes les réformes, quelles qu’elles soient, on ne réglera rien. (…) J’espère que le gouvernement prendra ce dossier-là en urgence“, met en garde Roland Lahaye.

Belga

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28 juin 2024 - 15h01
Modifié le 28 juin 2024 - 15h01