Le Comité de concertation avancé à mercredi : à quoi faut-il s’attendre ?
Un durcissement des mesures pour lutter contre la quatrième vague de la Covid-19 se profile.
Les chiffres des contaminations à la Covid-19 mais aussi dans une moindre mesure des admissions dans les hôpitaux belges ne cessent d’augmenter, bien que cette courbe en hausse ne soit pas aussi importante que lors des premières vagues. Le Comité de concertation prévu initialement ce vendredi 19 novembre a donc été avancé à mercredi, nous confirme le cabinet du Premier ministre, Alexander De Croo.
Et un durcissement des mesures sanitaires est à prévoir : selon le dernier rapport du GEMS, les experts recommandent un réel tour de vis pour l’entrée dans l’hiver. Ainsi, le groupe recommande la suspension pour trois à quatre semaines de toutes les activités en intérieur, où les gestes barrières ne peuvent être maintenus (en ce compris les sports de contact, les activités estudiantines et le monde de la nuit) : un reconfinement par secteur, qui ne porte pas son nom, et qui s’achèverait par une réouverture moyennant un Covid Safe Ticket accordé uniquement aux vaccinés et aux personnes rétablies, mais qui devra être couplé avec un test négatif et une ventilation suffisante.
“Des situations dans lesquelles on n’a pas de masque, dans un milieu clos, à plusieurs : c’est difficile là de contrôler une transmission qui pourrait être significative“, explique Yves Van Laethem, infectiologue, porte-parole interfédéral Covid et membre du GEMS, “et donc faire une pause, tout à fait transitoire (il n’est pas question de repartir pour des fermetures pour des mois) semble importante pour que la situation n’arrive à nous obliger de moduler de manière plus drastique la vie socio-culturelle et économique du pays, et d’arriver à ces mini-lockdown que nos voisins hollandais ont trouvé nécessaires”
Être testé ou masqué, malgré un CST
Demander un test négatif même si on est vacciné ou rétabli : la recommandation est avancée par les experts, face à une efficacité imparfaite du Covid Safe Ticket. Ainsi, outre les secteurs évoqués plus tôt, le même principe est recommandé pour les événements privés (mariages, etc), avec une limitation à 50 personnes, avec un Covid Safe Ticket, un test négatif et une ventilation.
De même, le CST serait adapté dans le monde culturel (cinéma, concerts, théâtres), où même en présentant un pass sanitaire, le masque resterait obligatoire, ainsi qu’une ventilation contrôlée et la distanciation.
Lors de grands événements en extérieur (marchés de Noël, grands matchs de foot, etc), le GEMS recommande également de coupler le pass sanitaire avec le port du masque, la distanciation et la réduction de l’occupation.
“Le côté safe du CST date de l’époque du variant alpha : on sait que lorsqu’on était vacciné, on diminuait fortement la transmission (plus de 70%). Malheureusement, avec le variant delta, qui se transmet beaucoup plus facilement, on a pu se rendre compte que cette diminution de transmission était peut-être de l’ordre de 50%, et que les personnes qui étaient malgré tout porteuses sans être malades avaient beaucoup plus de virus dans leur gorge, pouvant donc transmettre beaucoup plus qu’avec les anciens variants. Dans ce contexte-là, chacun remettre un masque diminue fortement [la transmission]“, indique Yves Van Laethem.
Interview d’Yves Van Laethem, membre du GEMS
Parmi les autres recommandations du GEMS, on retrouve également le fait que, dans l’horeca, les clients doivent désormais être assis pour consommer et que le télétravail redevienne obligatoire jusqu’aux vacances de Noël. Néanmoins, les experts n’appellent pas à un retour ferme de la bulle sociale, mais invitent les Belges à réduire leurs contacts et à faire usage de tests rapides si l’on veut se rassembler en famille ou entre amis.
Le retour du masque dans les écoles
L’une des autres recommandations du GEMS est d’imposer le port du masque, dès neuf ans, à l’intérieur des espaces publics, y compris les écoles et le lieu de travail, sauf si la distanciation peut être maintenue. Dans son rapport, le GEMS pèse néanmoins les pour et les contre d’un masque dès neuf ans : d’un côté, les difficultés d’apprentissage, et de l’autre les avantages en matière de protection face au virus.
Car l’école joue aujourd’hui un rôle important dans la dynamique épidémiologique : “Il faut réestimer le rôle de l’école : elle était un très faible vecteur, dans les classes primaires, avec le variant alpha. Mais actuellement, avec le delta, au regard des chiffres, on voit que le portage principal se fait au niveau de l’école, et que la transmission peut se faire ainsi des enfants aux parents, puis des parents aux grands-parents, et toucher ainsi des personnes qui sont fragilisées, et qui même vaccinées n’ont pas bien répondu au vaccin“, explique Yves Van Laethem, “Dans ce contexte-là, au vu de ce que d’autres pays font (et notamment l’Espagne qui applique le masque à partir de six ans depuis l’année passée avec beaucoup de succès et sans problème) on peut se dire que temporairement, comme toute la société, on pouvait le proposer. C’est une mesure qui est temporaire, qui doit simplement permettre de limiter la propagation, en même temps que les autres mesures. ”
Un avis non-contraignant
À noter cependant que l’avis du GEMS ne consiste qu’en des recommandations d’experts : elles devront donc être débattues lors du Comité de concertation, avancé à ce mercredi à 14h30.
Et ces expertises pourraient donc être adaptées par la classe politique, ou ne pas être appliquées du tout.
ArBr et A.V. – Photo : Belga