Le CHU Saint-Pierre en pointe sur la recherche de traitements contre le Covid-19
Sept pays européens se lancent dans les recherches et les expériences de traitement par médicaments sur 3.200 patients. Parmi les pays, la Belgique est en bonne place et a besoin de 800 personnes pour mener sa part de l’étude. En première ligne, le CHU Saint-Pierre de Bruxelles.
Ce sont les Français qui piloteront cette étude baptisée Discovery. En tout, ce sont donc 3.200 patients venant de France, de Belgique, des Pays-Bas, du Luxembourg, du Royaume-Uni, d’Allemagne et d’Espagne qui seront analysés. Quatre traitements vont être testés dont la fameuse hydroxychloroquine mise en avant par des scientifiques chinois et par le professeur marseillais.
“La chloroquine est un médicament qui est utilisé en cas de malaria, explique Jean Nève, président du conseil supérieur de la santé. Cela fait 40 ans que nous le connaissons mais nous l’avions mis de côté car une résistance avait été développée. Il s’agit d’un produit de synthèse qui peut être fabriqué en grande quantité. D’ailleurs, le laboratoire français Sanofi, a déjà dit qu’il pourrait en presser des milliers si on devait relancer la production.”
Pour le moment, seules certaines études empiriques montrent un effet de la chloroquine sur les patients atteints de Covid-19. Seulement, l’échantillon est trop faible pour en déduire des conclusions scientifiquement valable. “Les patients les plus atteints n’ont pas été testés ou alors des qui étaient presque guéris en ont pris donc il s’agissait presque d’un effet placebo, tempère Jean Nève. Nous devons être prudent mais il est vrai que le CHU Saint-Pierre tout comme d’autres hôpitaux belges utilisent déjà l’hydroxychloroquine pour les patients hospitalisés.”
Pas la seule molécule
L’hydroxychloroquine avait déjà montré des effets positifs lors des épidémies précédentes de Sars in vitro mais elle n’est pas la seule. En tout, quatre bras de traitements vont être étudiés. “Nous allons traiter certains patients avec des antibiotiques classiques, de l’oxygène… pour voir comment ils réagissent, explique Nicolas Dauby, médecin spécialiste en maladies infectieuses au CHU Saint-Pierre. Nous testerons aussi le remdesivir qui est une molécule en cours de recherche pour le traitement d’Ebola mais qui montre aussi de bons résultats in vitro. Certains malades recevront du lopinavir et du ritonavir, utilisés dans le traitement contre le VIH, ainsi qu’une combinaison de ceux-ci avec l’interféron bêta. Et enfin, nous testerons l’hydroxychloroquine dont nous entendons beaucoup parler actuellement.”
La bonne nouvelle est que ces médicaments peuvent tous être produits rapidement et en grande quantité par les laboratoires qui détiennent les brevets.
Des recherches de plusieurs semaines
Evidemment, ces tests seront réalisés sur des patients volontaires et hospitalisés. Les recherches seront évaluées régulièrement et si un bras ne semble pas concluant, il sera arrêté. “Cela va prendre plusieurs semaines et vu l’urgence, il est plus réaliste de se baser sur des molécules qui existent déjà, qui ont fait leur preuve notamment dans les premières épidémies de coronavirus au début des années 2000, complète Nicolas Dauby. Nous devons mieux connaître la maladie et nous souhaitons que d’autres recherches continuent à être menées pour la réalisation de tests de dépistage à plus grande échelle.”
Les tests seront d’ailleurs indispensables pour lever progressivement le confinement selon les experts. Par contre, il y a de fortes chances que nous soyons tout de même confinés dans nos pays pendant encore de nombreuses semaines.
Vanessa Lhuillier – Photo:BX1