Le chirurgien Ahmad Moghrabi raconte son départ de Gaza: “Il n’y a que deux choix, être tué ou être prisonnier”
Il a quitté l’enfer de Gaza pour Bruxelles. Ahmad Moghrabi opérait encore dans l’enclave palestinienne il y a quelques semaines. Un départ qu’il ne souhaitait pas, mais qui est devenu une question de survie. Notre équipe est allée à sa rencontre chez une Schaerbeekoise qui l’héberge les week-ends.
Passé en quelques semaines de l’hôpital Al-Nasr au salon de Delphine, son amie, Ahmad Moghrabi vivait dans la bande de Gaza où il a grandi avant d’officier comme chirurgien dans l’hôpital Al-Nasr. Après des mois de guerre, un événement le pousse à partir : “Ils nous ont donné l’ordre d’évacuer, de quitter l’hôpital et de passer par un point de contrôle. J’ai donc décidé d’y passer, mais mes collègues, eux, ont décidé de rester, car ils sont médecins”, nous raconte-t-il.
Parmi ses collègues, nombreux sont morts ou détenus, d’après Ahmad Moghrabi, qui a, lui, survécu en évacuant avec des patients. Si partir a été difficile, rester à Gaza devenait trop dangereux : “La ville de Gaza est complètement détruite. Il n’y a plus aucun signe de vie. Il n’y a que deux choix, quand on vit à Gaza : soit être tué, soit être prisonnier. C’est pour cela que j’ai décidé de partir avec ma famille”, nous confie-t-il.
Pour évacuer et passer la frontière égyptienne en famille, des milliers d’euros ont été nécessaires. De là, le chirurgien obtient son visa pour la Belgique, mais pas ses proches.
Aujourd’hui, Ahmad Moghrabi travaille au grand hôpital de Charleroi grâce à une bourse. Malgré son parcours, il veut croire en des jours meilleurs. “En tant qu’êtres humains, on devrait au moins pouvoir garder espoir en l’humanité. Nous avons besoin de bonnes personnes pour nous donner de l’aide, mais aussi pour parler de ce qui se passe à Gaza”.
Depuis la Belgique, Ahmad Moghrabi continue d’agir pour les Gazaouis via son projet Compassionate Hearts For Palestine. Financé par des dons privés, il a déjà permis l’ouverture d’une clinique de fortune à Gaza.
■ Reportage de Charlotte Verbruggen, Neo Pasquel et Paul Bourrières