Le champignon au service du packaging : Permafungi ouvre une usine à Forest
L’entreprise bruxelloise Permafungi, connue pour ses projets autour du champignon et de l’économie circulaire, a inauguré mardi à Forest la plus grande usine européenne d’emballages en mycélium. Ce biomatériau naturel se veut une alternative durable aux plastiques et autres matériaux polluants.
Présente depuis onze ans à Tour & Taxis, où elle fait pousser des champignons à partir de marc de café, Permafungi passe à la vitesse supérieure avec un nouveau site de 1.400 m² dans le quartier verdoyant du Bempt. Le mycélium, partie végétative du champignon constituée de fins filaments, sert ici de liant naturel. Il se nourrit de déchets organiques et les transforme en une matière solide, légère et biodégradable.
L’investissement, estimé à 2,5 millions d’euros, doit permettre de transformer chaque mois 5 tonnes de déchets issus de scieries belges en 100 m³ d’emballages circulaires. “L’usine s’inspire de protocoles issus de la nature, n’émet pas de nuisances et s’intègre parfaitement dans la ville”, a commenté avec satisfaction le CEO de Permafungi, Julien Jacquet. La secrétaire d’État bruxelloise à la Transition économique, Barbara Trachte, a salué le projet. “Grâce à cette pépite bruxelloise, on voit qu’il est possible de rapprocher les êtres humains du vivant”, a-t-elle souligné, évoquant “un modèle d’économie qui transforme les déchets en ressources”.
■ Reportage de Bryan Mommart, Marjorie Fellinger et Corinne De Beul
Le lancement de cette usine intervient dans un contexte favorable. Le marché européen de l’emballage, estimé à 87 milliards d’euros, continue de croître avec l’essor du commerce en ligne. “C’est le premier secteur dans la consommation du plastique et il est nécessaire de le réinventer”, a expliqué Julien Jacquet. Consciente de cet enjeu, l’Union européenne prévoit d’interdire les emballages non circulaires à partir de 2030, une échéance qui pourrait faire du packaging en mycélium une solution intéressante.
Pour concrétiser ses ambitions industrielles, Permafungi a pu compter sur plusieurs soutiens financiers. L’entreprise a levé 1,75 million d’euros début 2025 auprès du fonds bruxellois finance&invest.brussels et de la société suisse Après-demain, à la suite d’une précédente subvention européenne de 2 millions d’euros via le programme LIFE. Grâce à ces appuis, “nous proposons des emballages élégants, sur-mesure, produits naturellement et réellement biodégradables”, a poursuivi Julien Jacquet. “La croissance du mycélium se fait dans des moules (en passant par les phases d’inoculation, d’incubation et de séchage) afin de donner à la matière la forme qui correspond aux envies et aux besoins des clients. Nos principaux concurrents sont les fabricants d’emballages traditionnels (type polystyrène), mais on arrive à tirer notre épingle du jeu et même à s’aligner sur les prix dans certains secteurs. Pour être compétitif, il faut simplement trouver les bons clients au bon moment”.
Plusieurs entreprises belges font déjà confiance à Permafungi. Parmi elles figurent les Savonneries Bruxelloises et la marque de cosmétiques Habeebee, basée à Watermael-Boitsfort. Le designer Lionel Jadot a également collaboré avec la société pour concevoir des luminaires en mycélium destinés à l’hôtel JAM de Gand. De nouveaux partenariats sont en cours de développement avec des marques de bijoux, de montres, de cosmétiques, de spiritueux ou encore dans le domaine des panneaux solaires. En revanche, les emballages en mycélium ne peuvent pas encore être utilisés pour le contact direct avec les denrées alimentaires, en raison de contraintes réglementaires et techniques. “Permafungi compte aujourd’hui 12 salarié(e)s et est en pleine croissance”, a conclu Julien Jacquet. “Nous visons un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros d’ici trois ans.”
Belga





