BIFFF: des propos homophobes et transphobes ont poussé une partie du public à quitter la salle

Hier soir, lors de la projection d’un film queer au festival du BIFFF des propos homophobes et transphobes ont été tenus. La tension est montée dans le public et plusieurs personnes sont sorties de la salle, choquées.

Hier soir à 19h, le thriller “Love Lies Bleeding” de la réalisatrice Rose Glass était projeté au festival du BIFFF. Dans un décor de salle de sport, le long métrage met en scène un couple lesbien. Lors des premières minutes du film, commentaires, bruits et autres interactions se font entendre dans la salle. Un comportement qui fait partie des codes du BIFFF, car c’est une manière de réagir, de partager lors des séances. Cependant, hier soir, l’ambiance était très pesante pour une partie du public.

Selon les retours de certaines personnes présentes dans la salle,”le public était majoritairement composé d’hommes au regard hyper sexualisé“. Lors d’une scène lesbienne, les réactions ont été de plus en plus vives. Tellement vives que des personnes sont sorties de la salle en cours de séance, extrêmement choquées. Une partie du public de la communauté queer, lesbienne espérait pouvoir réagir et partager lors de la projection du film. Selon Maïa, “on vient voir un film queer lesbien, avec des codes, une iconographie, qui sont en train de renverser des mœurs. Mais le public n’est pas du tout prêt à les recevoir, car il y a beaucoup d’homophobie et de transphobie dans la société”.

Un manque d’inclusion et de bienveillance

Pour Alexandrine, présente dans la salle et habituée du festival : “Le public habituel du BIFFF n’a pas su s’adapter. Et donc la tension est montée, parce qu’ils n’ont pas su s’arrêter avec leurs blagues habituelles, lesbophobes, sexistes, transphobes même. Le BIFFF c’est un endroit où on peut s’exprimer, où on peut crier, où on s’amuse et je pensais qu’on allait avoir cet espace-là pour s’exprimer. Malheureusement, le vieux public n’était pas prêt“.

La projection a dû être interrompue, l’émotion était palpable parmi les personnes qui sortaient de la salle. ” Il y avait des commentaires empreints d’homophobie normalisée. Ils (ndlr : une partie du public) ne se rendent pas compte qu’ils sont homophobes, mais ils font quand même des remarques déplacées. Et ça touche des personnes, parce que nous sommes en minorité, c’est une minorité de genre. On n’a pas envie d’entendre des mecs être en mode “ohhhh trop sexy!!” quand deux meufs se touchent. Ça blesse, car ça fait écho à des dérives et des choses qu’on peut vivre au quotidien en tant que personne lesbienne “.

Dans la salle, certaines personnes en sont venues aux mains. La police a été sur place, mais aucune plainte n’a été déposée. Certain.es spectateurices demandent au festival une prise de position, des explications claires et surtout de conscientiser le public.

Le BIFFF sous le choc

Suite à cet évènement, le BIFFF se dit choqué “c’est une situation totalement inédite. Du jamais vu au BIFFF. Donc pour l’instant, on essaye de récolter encore des informations pour bien comprendre les circonstances de ce qu’il s’est passé. Ça ne reflète absolument pas le festival. Et les propos absolument discriminants, ce n’est pas ça l’ADN du festival“. C’est ce qu’explique Jonathan Lenaerts, responsable communication du BIFFF.

L’organisation du festival a réagi ce dimanche par un communiqué publié sur Instagram.

■ Un reportage de Marine Guiet, Charlotte Verbruggen, Guillaume Bruwier, Karim Fahim et Hugo Moriamé