L’allocation universelle : bonne ou mauvaise idée ?

C’était le thème du duel de +d’Actu, ce mercredi. Fabrice Grosfilley reçoit pour en débattre Georges Louis Bouchez, président du Mouvement Réformateur et François Perl, directeur du pôle acteur social et citoyen de Solidaris.

Le président libéral Georges-Louis Bouchez estime que le revenu universel pourrait être une des thématiques d’un nouveau pacte social et fiscal à l’horizon 2030. Par l’allocation universelle, comprenez un revenu qui serait versé à tout le monde.  Mais avec comme conséquence que ce revenu universel remplacerait les allocations de chômage, le revenu d’insertion, l’assurance maladie.

L’allocation universelle serait de 1000 € à partir de 18 ans pour l’ensemble des Belges et les personnes qui résident légalement en Belgique. Elle remplacerait les revenus de remplacement actuels (revenus chômage, RIS). “C’est une base au niveau de la pension, on ne toucherait pas aux soins de santé et allocation en matière de handicap. C’est un revenu inconditionnel. Il y a des gens qui sont dans un modèle on/off, ils travaillent ou ne travaillent pas et s’ils travaillent, ils perdent une série d’éléments de sécurité sociale ou d’allocation sociale ; ça permet l’individualisation des droits dont on parle depuis longtemps et ça permet surtout une égalité des chances” explique Georges-Louis Bouchez.

Quand quelqu’un veut se lancer dans la vie, il reçoit un capital de départ qui lui permet au moins de faire face à ses besoins primaires, c’est-à-dire se nourrir, se loger, car bien sûr seraient maintenues des politiques de logement public. C’est se dire qu’après autant de siècle de progrès et d’évolution, on pourrait se départir de cette contrainte pour atteindre ces besoins primaires et on l’a vu lors de la crise Covid et on le voit lors de la crise ukrainienne. Notre sécurité sociale, cette logique assurantielle arrive au bout du chemin, car une série de personnes n’en profitent pas ou bien des personnes qui n’arrivent pas à recevoir une aide comme elles le devraient.

Pour François Perl, ça ne semble pas être une idée égalitaire. “Le premier problème est lié à la structure actuelle de prestation sociale. En remplaçant l’ensemble des prestations sociales par une allocation universelle, soit on se retrouve dans une situation où il faut considérablement augmenter la fiscalité. À prestation égale, cela nécessite de grandes rentrées fiscales. Soit, on détricote les soins de santé, car dans l’équation de monsieur Bouchez, même avec la fiscalisation, il manque les 33 milliards d’euros qu’on dépense chaque année pour les soins de santé en Belgique.”

Le directeur du pôle social et citoyen de Solidaris considère cette idée totalement impayable, sauf à détricoter les soins de santé. “Si on verse à tous les Belges de plus de 18 ans 1000 €, on arrive à un montant de 109 milliards. L’ensemble des prestations sociales actuelles, en ce compris l’assurance soin de santé, c’est 104 milliards. Si on veut continuer à financer des soins de santé corrects, ça oblige des citoyens à utiliser une partie de ces 1000 € pour s’assurer auprès d’une caisse d’assurance privée et d’amputer 300 à 350 € par mois ces 1000 € perçus au titre de la caisse universelle. La proposition est inefficace sur le plan social et budgétivore.”

Selon lui, la sécurité sociale fait des économies sur les jeunes, “car le gros problème de l’allocation d’insertion et toute une série d’allocations ce n’est pas leur côté budgétivore, c’est que toute une série de personnes n’y a pas accès. Le vrai problème de la sécurité sociale, ce sont les excès de non-dépense, toute une série de populations ne sont pas couvertes parce que l’accès à l’allocation est trop difficile. Je crois que là, il y a un débat fondamental. Pour les jeunes de 18 à 25 ans, le revenu d’insertion est conditionné à bien trop de paperasserie et de conditions que pour être accessible et on se retrouve avec beaucoup de jeunes n’ont pas accès à la sécurité sociale. On peut s’entendre pour un allègement des contrôles des demandeurs d’emploi. Pensons à un revenu de base pour ces jeunes-là.

Anaïs Corbin / Un débat de Fabrice Grosfilley