La Ville de Bruxelles va adopter “deux personnes en danger” dans leur pays

Le Collège de la Ville de Bruxelles proposera ce lundi au Conseil communal l’adoption de deux personnes en danger : l’Iranien Vahid Afkari et la Camerounaise Dorgelesse Nguessan, tous deux arrêtés pour avoir pris part à des manifestations pacifiques.

Cette double adoption s’inscrit dans le cadre de la motion votée par le Conseil communal en novembre 2015 et qui consacre la participation de la Ville de Bruxelles au réseau “Ville Lumières” d’Amnesty international ; un réseau qui associe les villes et communes “qui défendent les libertés, les valeurs et les droits qui sont les fondements de la démocratie.” À travers ce réseau, une commune peut adopter une ou plusieurs personnes en danger.

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Arrêtés lors de manifestations pacifiques

L’Iranien Vahid Afkari a été arrêté à son domicile à Shiraz le 17 septembre 2018 pour sa participation pacifique à des manifestations dans sa ville natale de Chiraz. Amnesty international rapporte que les autorités iraniennes l’ont détenu à l’isolement, l’ont torturé et l’ont forcé à “avouer” des crimes qu’il a déclaré à plusieurs reprises ne pas avoir commis. Vahid Afkari a été condamné à 33 ans et neuf mois d’emprisonnement et 74 coups de fouet et 2 ans de “résidence obligatoire”. Depuis septembre 2020, les autorités détiennent Vahid Afkari à l’isolement.

Dorgelesse Nguessan est une mère célibataire camerounaise de 37 ans, qui exerce la profession de coiffeuse. Jamais active politiquement, elle a participé à une manifestation organisée par le MRC (Mouvement pour la Renaissance du Cameroun), le principal parti d’opposition politique, le 22 septembre 2020 à Douala, la capitale. C’était sa toute première manifestation, au cours de laquelle 500 personnes, principalement des membres et des partisans des partis d’opposition, ont été arrêtées, dont elle. Le 29 septembre 2020, elle a été transférée à la prison centrale de Douala, où elle se trouve actuellement. Elle a été inculpée d’“insurrection, rassemblement, réunions et manifestations publiques” et jugée par un tribunal militaire qui, le 7 décembre 2021, l’a déclarée coupable de ces charges et l’a condamnée à cinq ans de prison. Ses avocats font appel de ce verdict ; l’audience en appel n’a pas encore été fixée.

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Plusieurs précédents

À l’époque, la Ville avait adopté Hamid Babaei, cet étudiant iranien en Belgique (doctorant ULg) qui avait été condamné dans son pays pour “atteinte à la sécurité nationale par la communication avec des Etats hostiles” car il avait refusé d’espionner d’autres étudiants iraniens en Belgique. Il a été libéré en août 2019 après avoir purgé sa peine.

En janvier 2021 la Ville a adopté deux autres personnes : Raif Badawi, bloggeur saoudien et sa compatriote Loujain Al-Hathloul militante pour la cause des femmes. Ils ont tous deux étés libérés mais ne peuvent quitter leur pays.

V.d.T. – Photo : Belga