David Clarinval : “La taxe sur les plus-values est très large, ce n’est pas du tout un gruyère”
David Clarinval, vice-premier ministre, ministre fédéral de l’économie et de l’emploi (MR), était l’invité de Fabrice Grosfilley dans Bonjour Bruxelles ce jeudi.
Elle était sur toutes les lèvres depuis des semaines : la fameuse taxe sur les plus-values. Si cette dernière laisse un arrière-goût amer dans la bouche des libéraux, le ministre défend le compromis noué autour de la table. “Chacun dans ce gouvernement a dû faire un pas vers l’autre. Nous avons dû concéder cette taxe à nos partenaires afin d’avoir un gouvernement de réformes mettant le travail au cœur“.
Mais le Mouvement Réformateur ne semblait pas très fan à l’idée de faire contribuer les épaules les plus larges… “En effet, nous estimons être les champions du monde de la taxation. Nous sommes depuis toujours contre cette taxe car elle est de nature à empêcher les nouveaux investissements et à faire fuir les entreprises. Or, des investisseurs qui ne viennent pas dans notre pays, ce sont des entreprises qui ne se créent pas et donc des emplois en moins. C’est négatif et contreproductif“, assure David Clarinval.
Et il insiste dans la foulée : “Nous sommes d’accord de faire contribuer les épaules les plus larges. Tous les Belges doivent faire des efforts. Le gouvernement est confronté à une situation budgétaire difficile et c’est donc normal que tout le monde prenne sa part“.
“Tout le monde va devoir malheureusement payer cette taxe”
Le rendement espéré et attendu de cette taxe sur les plus-values est d’environ 500 millions d’euros à l’horizon 2029. Mais certains économistes et plusieurs partis dans l’opposition au fédéral (Ecolo, PTB et PS) affirment que les très grosses fortunes risquent de passer au travers via leurs holdings, fondations ou sociétés patrimoniales. Ce que réfute le vice-premier MR. “La taxe est très large. Il n’y a que deux exceptions. Pour les PME avec par exemple une famille qui a créé son entreprise et qui la transfère à ses enfants. Le mécanisme prévoit que le premier million n’est pas taxé avec ensuite une taxation proportionnelle jusque 10 millions. Le deuxième mécanisme pour y échapper concerne les petits porteurs d’actions ou de sicav qui bénéficieront de 10.000 euros d’exonérations. Sinon, il n’y a pas d’échappatoire, même ceux qui ont des crypto monnaies devront passer à la caisse“.
Anticiper la réforme fiscale dès 2026 ?
Ce nouveau deal global de l’Arizona permettra-t-il d’annoncer des baisses d’impôt dès l’année prochaine ?
“En effet, on pourrait augmenter la quotité exonérée d’impôt ou diminuer la cotisation spéciale de crise pour récompenser les gens qui travaillent avec de l’argent net en plus“, glisse David Clarinval.
En attendant, quid du vote sur la loi-programme, impliquant l’entrée en vigueur de la réforme des allocations de chômage pour début 2026 ? “Nous attendons l’avis du Conseil d’Etat sur les amendements de l’opposition. J’ai bon espoir d’un vote la semaine prochaine. Cette flibuste parlementaire ne remet pas en cause le timing et l’entrée en vigueur pour le 1er janvier 2026. Nous sommes déterminer à avancer et nous mettrons tout en œuvre pour que cela se passe bien“. Le Ministre confirme que le montant prévu en compensation pour les CPAS sera de minimum 264 millions d’euros. La Ministre Anneleen Van Bossuyt devrait présenter son projet de loi au Kern avant le 21 juillet. “Nous connaitrons alors les chiffres précis commune par commune“.
“ACTIRIS va devoir changer son fusil d’épaule”
Le ministre fait-il confiance aux CPAS pour accompagner les gens et les réinsérer vers l’emploi ? “Oui et les Régions ont un rôle important à jouer. ACTIRIS va devoir accélérer car on se rend compte qu’en 6 ans ils ont diminué de 40% leurs contrôles. Il y a un estompement de la norme à Bruxelles. Ils vont devoir changer leur fusil d’épaule et collaborer avec les CPAS. Surtout qu’il y a plusieurs centaines d’emplois disponibles à Bruxelles. Sortons de la fatalité“.
11 F35 livrés en 2032 ou 2033
“On doit seulement négocier sur le prix des avions. C’est un programme d’acquisition, pas un contrat d’achat, tout peut encore être remis en cause s’il y a des difficultés“, promet le Ministre libéral. Même si des craintes émergent déjà sur ces futurs achats.
Mais comment financer cela ? Rentrons-nous dans une économie de guerre avec une course aux armements ? “Les Russes sont aux portes de l’Europe, les menaces sont partout. Il est crucial de respecter nos engagements de 2% du PIB pris il y a 15 ans. Et on va le faire en vendant toute une série de participations, d’actifs financiers dont l’Etat est encore propriétaire, comme chez Fortis. Nous ne ferons pas de taxes pour financer cela. Car il y a encore de la marge pour diminuer les dépenses“.
Pas sûr néanmoins que l’ensemble de ses partenaires dans la coalition Arizona voient les choses du même œil…De quoi inaugurer de nouveaux débats bien animés.
Romuald La Morté