La Région bruxelloise connaîtra ce vendredi la nouvelle notation S&P de ses finances
La Région bruxelloise devrait savoir dans quelques heures, vraisemblablement en fin de soirée, quelle nouvelle notation financière lui réservera l’agence Standard & Poor’s, dans le contexte de l’absence persistante de gouvernement de plein exercice et d’une situation qui s’est dégradée au cours des dernières années.
Elle saura si la menace d’une dégradation, agitée par les formations de droite et du centre qui siégeaient dans l’opposition sous la législature précédente, et impactante sur la charge des emprunts futurs qu’elle a à contracter, se confirme ou si elle tient du chiffon rouge destiné à presser le Landerneau politique à former un gouvernement de centre droit.
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Ces formations – le MR, Les Engagés et le CD&V – ne cachent pas leur volonté de soumettre la Région-capitale à une cure d’amaigrissement budgétaire immédiate significative. Ils reprochent au gouvernement PS-Vooruit/Ecolo-Groen/DéFI/Open Vld de ne pas l’avoir entreprise plus tôt, et en tout cas trop faiblement lors de l’élaboration du budget initial 2024, malgré les appels dans ce sens du ministre libéral flamand des Finances, Sven Gatz.
Une dette qui augmente et une note qui s’abaisse
La dette consolidée de la Région bruxelloise a fortement augmenté durant la législature précédente, notamment sous l’effet de la crise sanitaire et des moyens mobilisés pour en freiner les effets sociaux et économiques, ainsi que de la crise énergétique de 2022, atteignant 13 milliards d’euros fin 2023. Les premiers cités ont aussi régulièrement pointé la gestion des investissements stratégiques (métro, tunnels, etc.) et l’augmentation des dépenses régulières.
En mars 2024, Standard & Poor’s avait abaissé la note attribuée à la Région-capitale à A+, assortie d’une perspective stable, contre AA- auparavant. Cette note était sous la menace d’une dégradation depuis septembre 2022: S&P avait, à l’époque, assorti le rating AA- d’une perspective négative.
Du négatif, mais aussi du positif pour la nouvelle note
L’absence de gouvernement de plein exercice depuis un an est à ranger dans la colonne des éléments négatifs susceptibles d’influencer l’agence de notation dans le mauvais sens. Idem pour le niveau d’endettement élevé de la Région-capitale. Mais d’autres éléments plus positifs entreront vraisemblablement dans la balance. Ainsi, l’agence régionale de la dette a fait valoir auprès des députés bruxellois que sa gestion dynamique avait permis jusqu’ici d’organiser le recouvrement de celle-ci via une majorité d’emprunts à long terme. La gestion en douzièmes provisoires, faute de gouvernement, impose aux ministres sortants de s’appuyer sur le budget initial 2024 déficitaire.
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Même si cela ne suffit pas – le projet d’ordonnance sur la prochaine tranche de douzièmes provisoires table sur un déficit de 1,426 milliard, pointe le MR -, le ministre Gatz a annoncé diverses mesures conservatoires pour limiter les montants à mobiliser au fil des mois de l’année en cours: maintien du plafonnement des subsides facultatifs (-15%), poursuite de la rationalisation dans la gestion du personnel, etc. De plus, il ne désespère pas de pouvoir mettre sur la table un projet de budget d’urgence qui irait plus loin, via une limitation du déficit à 1,2 milliard, notamment après un examen ligne par ligne des marges budgétaires sous-utilisées qui ne seraient pas (ré)affectées, et du poids que pourrait représenter une limitation des investissements à un minimum absolu. On verra plus clair sur cet exercice minutieux d’ici la fin du mois.
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