La problématique du surendettement à Bruxelles passée au crible

Le surendettement est un phénomène important en région bruxelloise, mais peu étudié jusqu’ici et donc mal pris en charge. Partant de ces constats, l’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale a voulu établir une cartographie de la situation, afin de mieux connaître le profil des personnes surendettées, la nature globale de leurs dettes et les facteurs déclencheurs du surendettement.

L’étude s’appuie notamment sur l’analyse des données de quatre services de médiation de dettes (SMD) de CPAS bruxellois. “Concernant le profil des personnes surendettées, les problématiques de surendettement coïncident le plus souvent avec des situations de pauvreté“, aborde l’observatoire dans son rapport, publié mercredi.

Les revenus des ménages surendettés sont particulièrement bas: le taux de pauvreté atteint 65% au sein du public suivi par les SMD. Les personnes faiblement scolarisées, les personnes vivant dans un logement social et les personnes sans-emploi (vivant avec un revenu de remplacement ou une allocation d’aide sociale) sont nettement surreprésentées au sein du public suivi, tout comme les familles monoparentales (près d’un quart des personnes qui se sont adressées aux SMD étant dans cette situation).

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La plupart du temps, les personnes surendettées ne peuvent pas assurer l’effectivité de droits fondamentaux tels que se loger et se soigner. “L’impossibilité de payer les frais de logement, en particulier les charges, et les soins de santé, représentent les premiers déclencheurs du surendettement“, pointe l’étude. De manière plus générale, les “dettes de vie” (logement et charges, soins de santé, frais de communication, impôts, crèches et écoles, etc.) concernent deux tiers des dettes. Les dettes de crédit ou d’autres prêts ou ventes représentent quant à elles 13% des dettes du public considéré. Et la procédure judiciaire guette en embuscade.

11 créanciers en moyenne

Soixante pour cent des surendettés sont concernés, poursuit l’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale. “Les personnes s’adressant aux SMD ont en moyenne 11 créanciers, et ce nombre peut culminer à plusieurs dizaines de créanciers (jusqu’à 70). Le montant moyen des dettes par personne atteint plus de 20.000 € et la médiane est de plus de 10.000 €“, détaille-t-il.

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Enfin, si les “dettes de vie” sont plus fréquentes que les dettes de crédit pour les personnes en pauvreté, le crédit reste l’un des éléments pouvant favoriser ou déclencher le surendettement, indique l’enquête, soulignant que la problématique risque de s’amplifier en raison de la crise sanitaire et son cortège de mesures restrictives mises en place pour endiguer l’épidémie.

Le rôle de la prévention

Sur la base de ces résultats, l’observatoire termine en formulant une série de recommandations. Pour éviter de tomber dans les situations extrêmes avec des problèmes de solvabilité, “il faut restreindre les pratiques de crédit facile d’une part, et contrôler le respect de la législation auprès des organismes de crédit”. Les services de médiation de dettes et de manière générale les services de premières lignes (notamment d’aide juridique) ont également un rôle important à jouer dans le travail de détection et de prévention du surendettement, ponctue-t-il.

Belga

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31 mars 2021 - 11h40
Modifié le 31 mars 2021 - 11h58