La deuxième salle de consommation à moindre risque de la capitale ouvre ses portes à Molenbeek

La deuxième salle de consommation à moindre risque (SCMR) de la Région bruxelloise a ouvert ses portes lundi à Molenbeek-Saint-Jean. Baptisé LINKup, le dispositif est implanté boulevard Léopold II, à proximité immédiate de la station de métro Ribaucourt. Il vise à améliorer la santé publique tout en réduisant les nuisances liées à l’usage de drogues dans l’espace public.

LINKup est un dispositif intégré, agréé et financé par Iriscare, reposant sur un cadre légal régional et fédéral. Il combine une salle de consommation à moindre risque, une “Halte Soins Addiction” (HSA) et, dans une seconde phase, un hébergement d’urgence. Le budget annuel consacré au projet s’élève à 3,8 millions d’euros, couvrant les travaux et les frais de fonctionnement. La commune de Molenbeek-Saint-Jean ne participe pas au financement.

Le choix de Molenbeek s’explique par une consommation visible de drogues dans le secteur, notamment autour du métro Ribaucourt. Les expériences internationales, ainsi que celle de la première salle bruxelloise GATE, montrent que ces dispositifs sont plus efficaces lorsqu’ils sont implantés là où le problème est le plus présent. À GATE, 63% des usagers proviennent des alentours immédiats et 94% sont établis sur le territoire régional, selon Iriscare.

Dans un premier temps, seul le rez-de-chaussée sera opérationnel. Les étages supérieurs du bâtiment seront progressivement aménagés afin d’accueillir un dispositif d’hébergement d’urgence destiné aux personnes consommatrices de drogues sans logement. Les travaux devraient être finalisés à l’horizon des hivers 2026 et 2027.

La gestion de la salle de consommation est confiée à l’ASBL Transit, tandis que le Projet Lama assure le volet médical et social via la Halte Soins Addiction. LINKup pourra accueillir environ 15 personnes simultanément, qui pourront consommer dans un environnement encadré par des infirmiers et travailleurs sociaux, avec un accès à des soins de base, à un accompagnement psycho-social et à une orientation vers des trajectoires de soins plus durables.

Le ministre bruxellois sortant de la Santé et de l’Action sociale, Alain Maron (Ecolo), a souligné que l’ouverture de LINKup s’inscrivait dans la continuité de l’expérience menée à la salle GATE, ouverte en mai 2022 dans le centre de Bruxelles. Selon lui, cette première SCMR a démontré l’efficacité du modèle, avec une diminution significative de la consommation dans l’espace public et un meilleur accès aux soins pour un public très éloigné des structures classiques.

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Depuis son ouverture et jusqu’au 30 juin 2025, GATE a permis d’éviter 33.559 actes de consommation dans l’espace public, selon Iriscare. En 2024, près de 1.000 usagers y ont été accueillis, dont une majorité issue du quartier, et une part importante a été orientée vers un suivi médical ou social. “Avec GATE, nous avons prouvé qu’une salle de consommation fonctionne. LINKup est la suite logique, adaptée à un autre territoire fortement touché par les scènes ouvertes de consommation”, a déclaré le ministre.

La ministre bruxelloise sortante de la Santé et du Bien-être, Elke Van den Brandt (Groen), a rappelé que la consommation de drogues constitue avant tout un enjeu de santé publique. Selon elle, LINKup ne prétend pas être une solution miracle, mais vise à renforcer l’offre de soins à bas seuil, accessible et de proximité. Elle a reconnu que l’ouverture du centre ne s’est pas faite sans difficultés, évoquant notamment les inquiétudes de riverains et des obstacles juridiques. “Ce n’était pas simple, y compris dans le contexte politique actuel, mais les réponses aux défis sociaux ne peuvent être trouvées qu’ensemble”, a-t-elle souligné.

Le bourgmestre faisant fonction de Molenbeek, Amet Gjanaj (PS), a indiqué que la commune n’était pas initialement convaincue par l’implantation du dispositif à cet endroit précis, tout en estimant qu’il était nécessaire de disposer de ce type de salle. “C’est une solution pour les usagers, mais aussi pour les services communaux très sollicités. Nous estimons qu’environ 16.000 actes de consommation pourraient être retirés de la rue, ce qui représentera aussi un soulagement pour les riverains”, a-t-il déclaré.

La fonctionnaire dirigeante d’Iriscare, Tania Dekens, a assuré que les préoccupations des habitants ont été prises en compte dès la conception du projet. Des réunions de concertation avec les riverains seront organisées tous les trois mois et une journée portes ouvertes est prévue en janvier afin de permettre aux habitants de découvrir le centre. Elle a précisé que le comité d’accompagnement du dispositif réunit l’ensemble des acteurs concernés, dont la commune, la police, les services de prévention, Iriscare, Transit et le Projet Lama.

Des évaluations régulières seront menées afin de mesurer l’impact du dispositif et d’en ajuster le fonctionnement si nécessaire.

Belga – Photo : Belga Image

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