Jette : le Contrat de Quartier Durable Magritte mis a mal par la SNCB
Le torchon brûle entre la commune et la société de transport.
En 2017, la commune de Jette obtenait de la Région bruxelloise un Contrat de Quartier Durable couvrant le périmètre entre le cimetière de Jette, la rue Léopold Ier et le site de logements sociaux de Lojega situé en bordure de chemin de fer.
L’un des axes forts du CQDM était de désenclaver ces tours de logements de plus de 1.300 habitants situées aux confins de la commune, coupées du reste du quartier par de gros axes routiers et le chemin de fer. Parmi les actions prévues pour la requalification complète du site, la création d’un parc et d’une liaison cyclo-piétonne à l’arrière, en bordure de chemin de fer.
Selon la commune, le comportement de la SNCB viendrait mettre à mal ce projet. En effet, celle-ci doit faire l’acquisition d’un terrain mis en vente par l’entreprise publique pour mener à bien son projet, mais il vient d’être vendu sous conditions à un groupe privé, au grand dam de la commune.
Jette accuse la société de transport de ne pas avoir respecté le droit de préemption de la commune, ni l’estimation du terrain faite par le CAIR (Comité d’Acquisitions d’Immeubles Régional). Elle lui reproche également d’avoir successivement augmenté ses prix planchers et d’avoir refusé de prendre en charge les coûts de dépollution. “Faisant preuve d’une opacité sans borne, la société n’a laissé que peu de chance à la commune de mener à bien ce projet”, s’indigne le bourgmestre Hervé Doyen (cdH) qui rappelle que ces terrains, bien que constructibles, sont situés en zone inondable. “Les desseins mercantiles de l’entreprise ferroviaire publique belge compromettent ce projet-phare du réaménagement du site pour densifier encore un peu plus le quartier“, ajoute-t-il.
Une offre à un million de la commune
La SNCB assure être “en dialogue ouvert et constant avec la commune de Jette”, mais celle-ci rappelle qu’il existe des règles précises concernant les valorisations des terrains de la société de transport. “La SNCB applique les principes de transparence et d’égalité en procédant par des appels d’offres publics. Il n’y a en effet pas de droit de préemption pour les communes sur les propriétés de la SNCB. Celle-ci procède par des évaluations indépendantes, réalisées par des organismes agréés, afin de déterminer la valeur de vente. Il n’est également pas possible de vendre un bien sous la valeur comptable, en d’autres mots, à perte”, explique la porte-parole de la SNCB Marianne Hiernaux. ” Durant tout ce processus, la commune a été parfaitement informée de cela et elle n’a finalement remis aucune offre.”
Une affirmation fermement contestée par la commune qui assure avoir remis trois offres dont une à un million d’euros, soit plus du double de l’estimation initiale faite par le CAIR. “Plus, ce n’est pas possible pour nous“, regrette Hervé Doyen. “Ce qui me scandalise est qu’une entreprise publique veuille retirer le maximum de profits de cette situation“.
Malgré l’échec du rachat de ce terrain par la commune, le bourgmestre assure que la commune ne compte pas en rester là. “Après avoir tout tenté pour acquérir le terrain sans succès, vu les refus systématiques de la SNCB et bien que nous ne maîtrisions pas l’issue définitive des demandes des promoteurs et des demandes de permis d’urbanisme qui seraient déposées, nous activerons tous les leviers possibles pour offrir à ce quartier le projet d’espace public et de vie que nous considérons le meilleur pour ses habitantes et ses habitants.”
■ Reportage de Bernard Denuit, Marjorie Fellinger
V.d.T. – Photo : Commune de Jette