Interruption de travail des pompiers bruxellois pour dénoncer le manque d’effectifs
Environ 200 pompiers se sont rassemblés mercredi à la mi-journée sur l’esplanade située derrière la Colonne du Congrès pour dénoncer la pénurie structurelle de personnel au Service d’incendie et d’aide médicale urgente (SIAMU) et réclamer des allègements d’horaires immédiats, dans l’attente d’un renforcement du cadre, qu’ils estiment insuffisant d’environ 200 agents.
L’action est menée à l’appel du front commun syndical. Selon les organisations syndicales, près de deux tiers des pompiers de garde participent au mouvement. Près de 50% d’entre-eux continueront le mouvement jusque demain matin. Ils seront remplacés par des effectifs de la Croix-Rouge, comme c’est le cas depuis ce mercredi matin.
Cette interruption de travail a été organisée ce mercredi entre 08h00 et 12h00, dans le cadre d’un préavis de grève de 24 heures. Le rassemblement a débuté vers 11h30. Les représentants syndicaux ont échangé avec le colonel Menu ainsi qu’avec des représentants du cabinet de la secrétaire d’État bruxelloise en charge du SIAMU, Ans Persoons (Vooruit), sans obtenir de réponses jugées suffisantes.
“Le cadre est officiellement complet, mais il est insuffisant par rapport au nombre de missions, qui sont plus fréquentes, plus intenses“, explique Julie Happaerts, secrétaire permanente CSC Pompiers. Elle estime que les discussions n’aboutissent plus : “Aujourd’hui, on crie dans le vide. Nous évaluons le manque à environ 200 personnes.”
Les syndicats expliquent que l’application stricte de la législation sur les 38 heures a mis en évidence un sous-effectif chronique. “Il est devenu la norme que les effectifs de garde soient réduits“, affirme le caporal Pablo Nyns, délégué CGSP. “On devrait être environ 180 de garde, mais on descend régulièrement jusqu’à 150.” Selon lui, le cadre actuel, fixé en 2012, “est renouvelé sur base de contraintes budgétaires et non des besoins réels ou d’analyses de risques de la Région bruxelloise“.
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Un vote organisé vers 13h00 a conduit environ 50% des pompiers présents à reprendre la garde. “S’ils retournent au travail, c’est uniquement pour la population“, insiste le caporal Sacha Vereyden. “Par éthique, abandonner son poste est extrêmement difficile à envisager pour un pompier, surtout un 31 décembre.”
Sur le fond, les syndicats rappellent une hausse marquée de l’activité, avec +70% de missions ambulancières en quinze ans et +30% d’interventions incendie en neuf ans, sans augmentation équivalente des effectifs. “Nos missions explosent avec l’augmentation de la densité de population et la paupérisation“, souligne Pablo Nyns, évoquant aussi la reprise de missions de la protection civile après la fermeture de plusieurs casernes.
Du côté de la hiérarchie, le porte-parole des pompiers de Bruxelles Walter Derieuw a rappelé que le cadre du personnel est officiellement complet, citant 44 recrutements en 2024 et 24 pompiers entrés récemment en formation. Il a toutefois reconnu que la hausse continue de l’activité, combinée aux congés, formations et récupérations d’heures supplémentaires, fragilise l’effectif opérationnel.
Les syndicats ont finalement obtenu un rendez-vous avec la secrétaire d’État Ans Persoons, présenté comme le principal résultat concret de la mobilisation. “Nous voulons des négociations et des propositions concrètes, pas des paroles en l’air“, insiste Sacha Vereyden.
La Croix-Rouge de Belgique a indiqué assurer des renforts à l’aide médicale urgente à Bruxelles à la suite de la grève du SIAMU. L’organisation précise que 15 départs 112 sont actuellement couverts grâce à des ambulances mobilisées à Bruxelles, en Wallonie et auprès de la Rode Kruis, et qu’un dispositif renforcé est prévu pour la nuit du réveillon.
Belga





