Hôpital Saint-Pierre de Bruxelles: le docteur Denis Mukwege a opéré une femme victime d’agression sexuelle

A l’issue d’une opération chirurgicale réparatrice à l’hôpital Saint-Pierre de Bruxelles, le prix Nobel de la Paix 2018, Denis Mukwege, s’est dit inquiet de ce qu’il se passe sur le terrain en République démocratique du Congo.

“J’ai des inquiétudes. Prépare-t-on l’oppression ou les élections?”, s’interroge-t-il. “Le peuple congolais a tant souffert. Il n’a plus besoin de guerre supplémentaire.”

L’homme qui a “réparé” plus de 40.000 femmes victimes de violences sexuelles était en Belgique cette semaine. Jeudi, avec son collègue et ami le professeur Guy-Bernard Cadière, il a opéré Khadija, 39 ans, déjà excisée, puis violée durant une grossesse. Les deux spécialistes ont expliqué cette délicate opération, qui consistait notamment à reconstituer le canal anal de cette Somalienne, aujourd’hui demandeuse d’asile en Belgique. L’opération, financée par la Croix-Rouge, faisait appel à la technique prometteuse de laparoscopie, qui consiste à examiner la cavité abdominale via une incision ombilicale. “Je crois que cette dame va bien se porter après”, s’est réjoui Denis Mukwege.

“Grâce à des équipes comme celle de Saint-Pierre, beaucoup de femmes désespérées ont retrouvé le sourire, alors qu’elles étaient prêtes à tout abandonner”, a plaidé le gynécologue congolais.

“Construisons des ponts. Moi, j’y crois”, a ensuite plaidé le gynécologue congolais. “Grâce à des équipes comme celle de Saint-Pierre, beaucoup de femmes désespérées ont retrouvé le sourire, alors qu’elles étaient prêtes à tout abandonner.”

Celui qui partage le Prix Nobel 2018 avec l’Irakienne yézidie Nadia Murad souhaite encore que le gouvernement belge puisse “favoriser l’échange d’expertise”. “Le Congo a besoin de l’expertise de la Belgique. (…) Il est très important que des Belges s’engagent dans cet échange et qu’il y ait aussi des Congolais qui acceptent que cet échange puisse se faire”, à l’instar de ce que font l’hôpital Saint-Pierre de Bruxelles et celui de Panzi, a-t-il souligné.

“Nous continuerons à faire notre travail” malgré tout, assure le professeur Mukwege, qui dédie sa prestigieuse récompense “à toutes ces femmes courageuses”. “Nous essayons de leur rendre la dignité qu’elles méritent. Elles ont droit à une protection. Et que ceux qui ne les ont pas protégées nous critiquent, ça ne nous empêchera pas de continuer.”

Le docteur Denis Mukwege, de passage en Belgique, était à l’ULB ce lundi. L’université tenait à honorer en ses murs le tout récent co-lauréat du prix Nobel de la paix, récompensé pour son combat pour les femmes victimes de sévices sexuels en RDC. Son message: encourager les jeunes et les futurs médecins à s’engager dans la lutte contre les violences faites aux femmes et le combat pour l’égalité des genres.

► Voir aussi notre reportage: Honoré à l’ULB, le docteur Denis Mukwege a donné un cours exceptionnel aux étudiants en médecine

La rédaction et Belga. Photo: Belga/Laurie Dieffembacq