Grève dans les prisons : le taux de participation “excessivement élevé à Haren et Saint-Gilles”

Le personnel des prisons de tout le pays est en grève depuis hier soir, 22h, et pour 48 heures. Il dénonce les conditions de détention et de travail “inhumaines” qui y règnent.

Le taux d’agent pénitenciers en grève est “excessivement élevé dans les prisons de Haren et Saint-Gilles”, assure Laurent Lardinois, secrétaire régional CGSP. Les directions doivent repenser le régime de travail en fonction du personnel présent. La police est notamment appelée en renfort pour pallier le manque d’agent. Pas le choix, certaines activités sont adaptées. “Les promenades sous le préau ne sont pas d’office assurées. Les visites aussi. En revanche, les taches de bases sont toujours garanties, par exemple les repas ou les soins médicaux”.

► LIRE AUSSI | Les syndicats annoncent une grève de 48 heures dans toutes les prisons le 24 septembre

Le principal point de crispation concerne la nouvelle loi sur les courtes peines, à l’initiative du ministre de la Justice, Vincent Vanquickenborne. Les peines de 0 à 3 ans sont désormais systématiquement effectués au sein d’établissement pénitentiaire. L’ambition est de mettre fin à l’impunité judiciaire. “Cette mesure a du sens, mais pour l’appliquée, il faut que les infrastructures soient efficientes. Et aujourd’hui, la surpopulation carcérale n’a jamais été aussi élevée” détaille encore Laurent Lardinois.

“Les maisons de détention devaient prendre le relais pour soulager le manque de place, générer par ces courtes peines. Elles ne sont pas encore prêtes. À Bruxelles en particulier, l’ancienne prison de Berkendael n’est pas encore remplie. D’autant plus que c’est la seule de la région”.

“Haren, c’est une catastrophe”

La méga-prison de Haren, village pénitentiaire de 1.190 places inauguré en grande pompe il y a tout juste un an, devait répondre à ces défis, avec le triple objectif de “supprimer la surpopulation carcérale d’ici 2030, améliorer les conditions de détention et réduire le taux de récidive”, relevait à l’époque Mathieu Michel, secrétaire d’État chargé de la Régie des bâtiments.

“Aujourd’hui, seules 850 places sont occupées car on manque de personnel”, raille Claudine Coupienne, secrétaire permanente à la CSC Services publics. Son collègue Grégory Wallez, secrétaire fédéral à la CGSP, ne dit pas autre chose : “Haren n’arrive pas à former en nombre suffisant le personnel nécessaire à l’ouverture de l’ensemble des bâtiments composant cette prison“.

“Haren, c’est une catastrophe: des détenus intoxiqués après un incendie dans une cellule, car les extracteurs de fumée ont été placés trop loin, des badges donnant par erreur accès à certains locaux – menaçant ainsi les procédures de sécurité -, des bacs de douche montés à l’envers…  Mais on y tait les problèmes, car le gouvernement veut la présenter comme le fleuron des prisons belges”, déplore la représentante du syndicat chrétien.

Si la surpopulation carcérale touche en premier lieu les détenus, elle déteint sur le travail du personnel des prisons. Les syndicats dénoncent ainsi la hausse de la charge de travail et l’insécurité qui s’installe dans les établissements pénitentiaires. De manière générale, “les conditions de travail sont tellement mauvaises que ce n’est pas pour rien qu’il n’est plus possible de recruter de nouveaux agents. C’est le serpent qui se mord la queue”, conclut Claudine Coupienne.

Mathieu Michel (MR), le secrétaire d’Etat à la Régie des bâtiments, ambitionne de mettre fin à la surpopulation carcérale d’ici 2030, annonce-t-il mardi dans les journaux L’Avenir, au deuxième jour de la grève de 48h dans les prisons.

Mathieu Michel assure comprendre le mécontentement des gardiens de prison et, face aux critiques sur la vétusté des établissements, reconnaît qu’il reste du travail. “Il manque 1.200 places”, détaille-t-il. “Notre objectif est de mettre en place des projets qui permettront d’atteindre d’ici 2030 une couverture suffisante permettant de mettre fin à la surpopulation carcérale.” Il y a trois grands types d’investissements, liste-t-il. D’abord ceux qui permettent de construire de nouvelles prisons.

Ensuite, il y a la mise en conformité et la rénovation des prisons existantes, pour lesquelles 80 millions ont été dégagés sur les trois dernières années. À cela, s’ajoute, enfin, l’entretien, qui ne dépend pas de la Régie des bâtiments, mais bien du SPF Justice qui utilise les lieux.

Ma. Ar. avec Belga – Photo : Belga

■ Interview de Laurent Lardinois, secrétaire régional CGSP, par Camille Paillaud.

Partager l'article

25 septembre 2023 - 12h19
Modifié le 26 septembre 2023 - 07h06