Formation bruxelloise : le ministre Open Vld semble seul comme jamais dans le débat sur les douzièmes provisoires

Le ministre bruxellois des Finances Sven Gatz (Open Vld) est apparu plus seul que jamais, vendredi en séance plénière du Parlement bruxellois qui se penchait sur le projet de deuxième tranche de douzièmes provisoires pour permettre aux services de base de la Région bruxelloise de continuer à fonctionner en dépit de l’absence persistante de gouvernement.

Cette solitude physique dans l’hémicycle, en tant que ministre en charge du Budget en affaires courantes, a été renforcée dans les propos de certains intervenants dans le débat. Le plus direct d’entre eux fut Stijn Bex, chef du groupe Groen, formation sortie en tête du scrutin de juin dernier dans le groupe linguistique néerlandais.

Après avoir déploré les multiples vétos qui ont empêché jusqu’ici la formation d’un gouvernement bruxellois, celui-ci s’en est pris frontalement à l’Open Vld pour son refus de parler d’une coalition sans la N-VA (ndlr: ce que six autres formations n’excluent pas a priori de faire, conformément aux conclusions des deux informateurs Elke Van den Brandt et Christophe De Beukelaer), tout en continuant à afficher son propre véto vis-à-vis de la Team Ahidar. “Pourquoi restez-vous sourds et aveugles à l’appel du ministre des Finances et du Budget (Sven Gatz – Open VLD), qui a mis en garde contre une dégradation de la notation en l’absence d’un budget et d’un gouvernement à brève échéance?”, a-t-il lancé en direction de la cheffe du groupe libéral flamand, Imane Belguenani.

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L’élu écologiste a également demandé à celle-ci de ne pas permettre que Bruxelles soit jetée dans “un gouffre par quelqu’un qui n’est pas préoccupé par les intérêts des Bruxellois, mais par une stratégie pour la présidence d’un parti”. Ce faisant, M. Bex faisait directement allusion à l’attitude du chef de file Open Vld des négociations Frédéric De Gucht qui a refusé d’entamer des négociations sans la N-VA.

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Sans cibler son propos sur les responsabilités en la matière, la cheffe du groupe MR, Clémentine Barzin, a salué le “courage” du ministre, “de dire la réalité car vous voyez le mur que nous risquons de prendre de plein fouet” … “si un nouveau gouvernement n’est pas formé dans les semaines ou mois à venir”…. “Le budget 2024, à savoir l’initial sur lequel se basent les crédits provisoires, n’a finalement pas intégré les réductions de dépenses demandées par le ministre du Budget et a abouti à un déficit d’1,6 milliard”, a-t-elle notamment pointé, appelant “celles et ceux, qui en sont en capacité aujourd’hui, à enfin monter à bord de ce qui sera un gouvernement essentiel pour l’avenir de Bruxelles”.

“Certains semblent aveugles face à l’urgence de la situation. Mme Barzin et M. Gatz, vous êtes certainement les mieux placés pour tenter de les convaincre de cette urgence à leur retour de Verbier (ndlr: la station suisse de ski où s’est rendu le négociateur de l’Open Vld Frédéric De Gucht)”, a embrayé Zakia Khattabi (Ecolo).

De son côté, Jonathan de Patoul (DéFI) n’a pas été en reste, disant que Bruxelles méritait mieux “quand j’entends certains qui sont aux commandes des Finances depuis 25 ans et se permettent d’aller au ski au lieu de négocier tout en demandant un poste de secrétaire d’Etat supplémentaire”.

Fouad Ahidar a à son tour vivement critiqué le fait que la nouvelle coalition potentielle veuille créer un secrétaire d’Etat supplémentaire pour écarter sa formation du gouvernement. Mais il a annoncé que celle-ci validerait la deuxième tranche de douzièmes provisoires dont il espère que ce sera la dernière. Le MR a réitéré son refus de le faire. “Le Mouvement Réformateur veut une gestion saine de notre budget avec des prévisions qui correspondent à la réalité. En tant que parlementaires responsables, nous ne donnerons pas d’autorisation de dépenses à l’aveugle à un gouvernement en affaires courantes qui demande des centaines de millions d’euros de dépassement, que dis-je ? 1,5 milliard d’euros …sans pouvoir nous garantir quel sera l’avenir de notre budget pour le reste de l’année”, a répété Clémentine Barzin. Celle-ci s’est notamment une nouvelle fois inquiétée des proportions prises par la hausse des dépenses du personnel et du cas particulier de la Société de Logement de la Région Bruxelloise (SLRB). Alors que celle-ci avait déjà reçu un prêt de 150 millions d’euros en 2024, celui-ci n’a toujours pas été remboursé, et le gouvernement envisage aujourd’hui de reconduire 56 millions supplémentaires dans les douzièmes provisoires.

Une nouvelle fois, Françoise De Smedt (PTB) a vertement reproché au MR de se préoccuper bien davantage du salaire des fonctionnaires bruxellois que des revenus inchangés des députés là où d’autres assemblées ont consenti une diminution de 5%.

Marc-Jean Ghyssels (PS) a rappelé la vocation des douzièmes provisoires à permettre la continuité des services, sans plus, et faute de gouvernement. Il a rappelé que la Région bruxelloise subissait les conséquences de plusieurs sources de sous-financement.

Belga