Du fipronil avait été détecté dans des œufs aux Pays-Bas dès novembre 2016, indique Denis Ducarme
Denis Ducarme (MR), le nouveau ministre fédéral de l’Agriculture est entendu en commission à la Chambre au sujet de la crise des œufs contaminés au fipronil. La ministre de la santé, Maggie De Block et l’Afsca, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire, seront entendus également. La commission Économie et Agriculture est réunie avec celle de la Santé publique.
Ce matin Denis Ducarme a expliqué que sur ce dossier “des compléments sont encore arrivés ce matin (mercredi)” et qu’ “agir plus tôt n’était pas possible”. Il continue en expliquant que la présence de fipronil a pu être repérée grâce à l’auto-contrôle mis en place par l’Afsca. “Le cabinet du ministre de la Justice m’a demandé à la demande du parquet de ne pas citer les exploitations incriminées car nous sommes face à une fraude. Et il faut que les fraudeurs soient sanctionnés sévèrement car ils ont joué avec la santé publique”.
Denis Ducarme fustige les Pays-Bas, plus gros exportateur d’œufs au monde, de ne pas avoir transmis à l’Afsca un rapport important constatant la présence de fipronil dans plusieurs exploitations néerlandaises dès la fin novembre 2016. “Si nous avions eu ces informations avant, la vigilance aurait été accrue”, a-t-il ajouté. “Mais nous ne disposions pas de ces informations, tout reposait donc sur l’autocontrôle.” Le nouveau ministre de l’Agriculture a par ailleurs déploré qu’un mois se soit écoulé entre une demande de l’Agence pour la sécurité de la chaîne alimentaire à son homologue néerlandais au sujet d’une société de service avicole néerlandaise et d’un producteur d’aliments pour animaux aux Pays-Bas. Une demande encore réitérée le 26 juin.
L’Afsca a reçu ce jour-là des informations concernant des contrôles réalisés chez des fournisseurs d’aliments néerlandais, mais toujours pas celles concernant la firme objet de la question. “Or, cela nous aurait permis d’identifier plus rapidement la liste des clients de cette entreprise”, a encore déclaré Denis Ducarme.
Le 13 juillet, soit près d’un mois après sa demande formelle, l’Afsca a obtenu une double notification de ses voisins. Ceux-ci précisent premièrement que mi-mars, un paquet contenant du fipronil, au nom personnel d’un producteur/distributeur belge de Dega-16 (insecticide censé être naturel) à destination d’une adresse néerlandaise, a été saisi à l’aéroport de Schiphol. Ensuite qu’une enquête criminelle avait été ouverte à l’encontre de la société de services avicoles néerlandaise. A partir de ce moment-là, l’agence néerlandaise “ne peut plus nous communiquer les informations que nous lui réclamons depuis un mois. Elle ne communiquera dès lors jamais d’elle-même les informations demandées par l’Afsca.”
“Un mois!”, a répété Denis Ducarme. “Un mois sans la moindre information de l’agence néerlandaise. Cela veut dire quoi? Cela veut dire que nous n’avons pas pu avoir accès à la liste des clients de la firme hollandaise, et que l’Afsca n’a donc pas pu déterminer plus tôt le périmètre suspect qu’elle a pu déterminer par la suite, et qui concerne 86 exploitants. Nous avons donc perdu un mois pour faire les tests. Et cela, ce n’est pas possible. Quand un pays comme les Pays-Bas, un des plus gros exportateurs d’œufs, ne transmet pas cette info, ça pose vraiment problème!”
Avant de passer face aux députés, Denis Ducarme a demandé un rapport à l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca) sur les mesures prises depuis les premières traces de fipronil dans des œufs en juin. “Tous les œufs de la firme “A” ont été saisis par l’Afsca début juin déjà”.
Le tout nouveau ministre de l’Agriculture a terminé son allocution en précisant qu’il restait 2 résultats à obtenir sur 86, mais que toutes les protections ont été prises à l’égard du consommateur.
Pour cette commission réunie en plein congé parlementaire, la salle est pleine:
- Le dossier sera développé dans le journal de 18h
- Retrouvez la liste du code des œufs à ne pas consommer ici
avec Belga, photos: Belga et Marie-Noëlle Dinant