Fatima Zibouh écartée d’une conférence sur l’antisémitisme suite à des pressions

Une conférence sur l’antisémitisme était organisée dimanche soir au Musée juif. Mais l’une des intervenante prévues, la sociologue Fatima Zibouh, a finalement été exclue du panel.

La conférence était organisée au Musée juif de Belgique, par plusieurs associations, dont l’UEJB, l’Union des Étudiants Juifs de Belgique. Le titre de cette conférence se présentait sous forme de question : « Les juifs, angle mort de l’antiracisme ? ». Elle abordait la question de la place de la lutte contre l’antisémitisme dans les mouvements antiracistes aujourd’hui. Deux orateurs français y prenaient la parole : Illana Weizman, sociologue et autrice d’un livre sur le sujet, et Jonas Pardo, militant progressiste et formateur à la lutte contre l’antisémitisme.

Deux autres intervenantes avaient été prévues également : la directrice du Mrax, Ether Kouablan, et Fatima Zibouh, politologue et nouvelle chargée de mission de Bruxelles 2030, dont on a appris alors que sa présence au panel avait été finalement été annulée. Les deux orateurs l’ont d’ailleurs vigoureusement dénoncé.

Que s’est-il passé ? Nous avons contacté le co-président de l’UEJB, Sacha Guttmann. Il a évoqué effectivement des contraintes, des pressions qui leur auraient été adressées afin d’écarter Fatima Zibouh du panel, sans préciser la provenance de ces pressions. La politologue, spécialiste des discriminations, est accusée par certains d’accointance avec les Frères musulmans, accusations qui jusqu’ici n’ont jamais été prouvées. Ce sont ces accusations qui sont à l’origine de la campagne de haine qu’elle a subie au moment de sa nomination à Bruxelles 2030.

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Suite à ces pressions, nous a expliqué Sacha Guttmann, il a été décidé de renoncer à la présence des deux représentantes des mouvements antiracistes dans le panel. Mais il tient à préciser que : « Ces pressions sont inacceptables. L’événement que nous organisions s’inscrivait dans la perspective du dialogue entre militants de la communauté juive et militants antiracistes. Je suis indigné de la situation et apporte mon soutien à Fatima Zibouh, nous ne cesserons jamais de nous parler. »

Selon l’une de nos sources, les pressions proviennent d’un membre du CA du Musée Juif de Belgique, qui accueillait la conférence, ce que son président, Philippe Blondin, conteste. Il nous indique également avoir personnellement contacté Fatima Zibouh pour l’assurer de son soutien.

L’affaire a en tout cas suscité des réactions, notamment sur les réseaux sociaux. La ministre bruxelloise Elke Van den Brandt (Groen) a également réagi sur Twitter, suite à un article publié sur le sujet dans Bruzz.

Nous n’avons pas pu joindre Fatima Zibouh. Celle-ci s’est toutefois exprimée sur son compte LinkedIn. Elle s’y dit bouleversée et triste de ne pas avoir pu prendre part à la conférence, dénonce les menaces, mais assure « qu’on y répondra par la convergence à ceux et celles qui veulent nous diviser. Ensemble, on luttera contre l’antisémitisme et toutes les formes de racisme. » Et remercie au passage les intervenants, le Musée et l’UEJB.

Les explications de Sabine Ringelheim dans Le 12h30.