Face à la crainte d’actions d’activistes climatiques, certains musées bruxellois augmentent la sécurité
INFO BX1 | Certains augmentent anticipativement la sécurité, d’autres privilégient un statu quo ou ne s’expriment pas.
C’était ce dimanche, dans un musée de Postdam en Allemagne : deux militants du mouvement Last Generation lançaient de la purée de pommes de terre sur une toile de Claude Monet, évoquant que “s’il faut une peinture engluée de pommes de terre (…) pour rappeler à la société” que la course aux énergies fossiles est en train de nous tuer, alors nous allons vous balancer de la purée sur une peinture !“.
Quelques jours auparavant, c’est à Londres qu’une toile de Vincent Van Gogh était visée par de la soupe aux tomates. Tandis qu’à Paris, la semaine dernière, des membres du groupe Extinction Rebellion s’en sont pris à des Ferrari exposées au Mondial de l’auto.
🔥Une dizaine de rebelles occupent le stand de voitures “d’exception” du salon de l’automobile. Ils dénoncent une industrie polluante qui cherche à laver son image avec des véhicules “verts” mais qui continue à promouvoir la voiture individuelle comme transport d’avenir pic.twitter.com/LnfD17C0HL
— Extinction Rebellion France 🐝🌺 (@xrFrance) October 21, 2022
Sécurité renforcée à Autoworld et Bozar
Face à cette multiplication d’actions-choc à travers l’Europe, certains musées ont donc décidé d’augmenter la sécurité, à Bruxelles. Ainsi, des “mesures anticipatives” sont de mise à Autoworld, le musée consacrée à l’automobile sur le site du Cinquantenaire : “on a informé les équipes que des choses se passent, et notamment de l’action qui a eu lieu à Paris sur des Ferrari… On a justement une collection Ferrari exposée pour l’instant, on doit donc faire attention“, nous explique Sébastien de Baere, directeur général d’Autoworld, “à l’entrée, on a aussi augmenté la vigilance proactive : quand les gens ont de mauvaises intentions, on le voit, ils sont nerveux. On invite aussi les visiteurs à laisser leurs sacs à dos dans les lockers, comme auparavant, mais on ne peut pas les scanner ni les fouiller“.
Le musée bruxellois nous confirme également “avoir augmenté le personnel qui circule dans les collections, et notamment autour des Ferrari“, même si on stipule qu’il s’agit de “mesures très anticipatives car il est compliqué d’exclure tout risque. On est très prudents, mais on a des craintes. Cela nous fait peur, et on ne comprend pas ce type d’actions“, indique également Sébastien de Baere.
Du côté de Bozar, on nous signale également “avoir renforcé la sécurité des expositions et sensibilisé les agents de sécurité, compte tenu des récents incidents dans des musées internationaux“, explique Leen Daems, porte-parole de Bozar. Le musée bruxellois, qui déplore également “ces pratiques de viser des œuvres d’art au nom de l’environnement : le changement climatique est un problème complexe et mondial qui nécessite une action urgente. Cependant, de telles actions destructrices n’aident pas le climat et sèment la discorde (…) le secteur artistique est conscient de l’urgence de la crise climatique et organise des initiatives pour attirer l’attention sur celle-ci, de manière positive et constructive“, comme l’exposition ‘Faces of Water’ qui se tient actuellement à Bozar, autour de la thématique de l’eau, de la fonte glaciaire, des sécheresses et des inondations (jusqu’au 4 décembre).
D’autres musées privilégient le statu quo
Contacté, le Musée Art & Histoire nous indique ne pas “avoir décidé d’une réaction particulière“, de même qu’au War Heritage Institute dont fait partie le Musée de l’Armée.
Au Musée BELvue, consacré à l’histoire de la Belgique, “nous maintenons le protocole de sécurité déjà mis en place, qui garantit la sécurité des oeuvres, des visiteurs et des visiteuses”, explique Charline Franken, responsable communication du musée.
No comment dans certains établissements
Quant aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, on nous répond “ne pas vouloir communiquer sur le sujet“, même si on nous renvoie vers une réaction du directeur général, Michel Draguet, sur les réseaux sociaux : “je ne veux plus commenter les agissements d’écoterroristes dont l’action n’a d’efficacité que portée par la force de diffusion des médias“, explique-t-il, “ces actions sont immatures, incohérentes et nuisibles“.
Discrétion également du côté du MIMA, qui ne “s’exprime pas sur sa sécurité“, même si “la sécurité est renforcée pour l’instant, mais uniquement car nous accueillons une exposition avec un artiste plus connu“, nous explique Stanislas de Poucques, responsable communications du musée molenbeekois. Les Musées de la Ville de Bruxelles n’ont eux aussi pas souhaité communiquer sur leur dispositif de sécurité.
ArBr – Photo : Belga (illustration)
►Reportage de David Courier, Loïc Bourlard et Pierre Delmée