Environ 200 travailleurs manifestent devant le siège de bpost : “Quand tout sera privé, on sera privés de tout”

Environ 200 manifestants aux couleurs des trois syndicats (CGSP Poste, CSC Transcom et SLFP Poste) se massaient jeudi devant le siège de bpost à Bruxelles pour dénoncer le manque de clarté autour de la perte du contrat de distribution des journaux par l’entreprise postale au 1er juillet prochain. Selon le front commun syndical, 4.000 emplois seraient menacés.

Les représentants des syndicats ont d’abord brièvement pris la parole. “On prend des décisions qui mettent en péril notre travail, le postier belge ne doit plus être une variable d’ajustement pour les politiques, les managers, les boursicoteurs“, ont-ils notamment dénoncé. “Quand tout sera privé, on sera privés de tout.

Le front commun syndical demande plus de clarté sur l’avenir du personnel impliqué dans la distribution de journaux et de magazines. Il réclame également des garanties concernant le système de soutien public promis pour couvrir les zones à faible densité de population.

Avec la grève d’aujourd’hui, nous voulons envoyer un message à la fois au politique et au Conseil d’administration“, explique Thierry Tasset, de la CGSP Poste. “La fin de la concession soulève des inquiétudes, nous voulons de la transparence et des réponses claires“.

La distribution des journaux fait partie de l’ADN du facteur et aujourd’hui, on nous enlève ça pour soi-disant faire des économies“, a de son côté regretté Stéphane Daussaint, responsable général à la CSC Transcom.

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Rencontre avec la direction

De son côté, bpost dit comprendre le mécontentement des travailleurs. “Nous avons entamé une concertation sociale et nous la continuerons“, a affirmé Laura Cerrada Crespo, porte-parole de l’entreprise. “Faire la clarté sur l’avenir de la concession presse est notre priorité. Des discussions avec toutes les parties prenantes, notamment les travailleurs et les éditeurs, sont en cours“.

Les syndicats ont été reçus vers 13h45 par la présidente du conseil d’administration de bpost, Audrey Hanard, le CEO de bpost Belgium, Jos Donvil, et le CEO du groupe, Chris Peeters, auxquels ils ont remis une lettre ouverte contenant toutes leurs revendications.

Ils ont apparemment compris le message, ils vont faire passer au monde politique et appuyer la demande des travailleurs pour essayer de rassurer tout le monde“, a commenté Thierry Tasset à la sortie de la réunion. “Ce n’est pas le CA qui va décider de garder ou non la concession, mais ils ont déjà décidé de tout faire pour essayer de la conserver.”

C’est une première approche, on ne règle pas tout en une heure, on doit se revoir dans les jours qui viennent“, a-t-il ajouté sans donner de calendrier précis.

Ils sont conscients du problème et ils se battent aussi de leur côté pour sauver un maximum de l’activité de distribution chez bpost“, a ajouté Stéphane Daussaint. “Maintenant, on attend les règles qui doivent venir du monde politique pour que bpost puisse finaliser les négociations avec les éditeurs. On espère avoir été entendus et on espère une réaction du politique. Sinon, qu’ils s’attendent à nous revoir.”

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De facteur à gardien de prison ?

La ministre fédérale des Entreprises publiques, Petra De Sutter, affirmait jeudi matin dans les pages de L’Écho qu’il était actuellement impossible de chiffrer les conséquences exactes de la réforme du marché de la distribution. Afin d’éviter les pertes d’emploi, la ministre a notamment suggéré de muter le personnel vers d’autres services du gouvernement fédéral, comme cela est possible dans les entreprises publiques. “Par exemple, nous manquons de gardiens de prison“, a-t-elle mentionné.

Petra De Sutter a également jugé peu probable une extension de la période de transition au-delà du 1er juillet prochain. “Ce ne serait peut-être pas très malin d’annoncer maintenant qu’on prolonge de six mois la période de transition, au moment où les éditeurs et distributeurs sont en discussion“, a-t-elle justifié.

Avec Belga – Photo : Belga

Reportage de Charlotte Verbruggen, Frédéric De Henau et Pierre Bourrières

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08 février 2024 - 16h26
Modifié le 09 février 2024 - 06h20