Enseignement supérieur : Françoise Bertieaux accuse la FEF de pratiques “dignes des régimes les plus autoritaires”
La ministre de l’Enseignement supérieur Françoise Bertieaux (MR) a tiré à boulets rouges, ce mardi, contre la Fédération des étudiants francophones (FEF).
En cause: la diffusion récente par la FEF d’un extrait d’une vidéo de la ministre lors d’une rencontre avec la Fédération des étudiants libéraux unis (FELU) où Françoise Bertieaux a évoqué la précarité étudiante comme une invention de la FEF.
Interrogée mardi en commission du Parlement par de nombreux députés, tant de la majorité que de l’opposition, Françoise Bertieaux a dénoncé l’usage de propos coupés de leur contexte, selon elle, afin d’en faire “une propagande politique pour désinformer sciemment“. “Les méthodes utilisées par la FEF sont dignes des régimes les plus autoritaires, ce qui me pose question car, comme seule organisation représentative (des étudiants, ndlr) reconnue, la FEF doit rester mon interlocuteur naturel, mais cela devient compliqué…”, a lâché la ministre. “Quand de surcroît on est subventionné à hauteur de plus de 420.000 euros d’argent public, on se doit d’utiliser d’autres méthodes, ne fût-ce que par respect du contribuable…“, a-t-elle ajouté.
Relisant mardi son intervention litigieuse devant les députés, Françoise Bertieaux a assuré n’avoir jamais nié les difficultés rencontrées par de nombreux étudiants. Son propos cherchait plutôt à souligner le fait que les étudiants ne sont pas les seuls à connaître pareils problèmes de précarité. “Beaucoup de jeunes qui ne sont pas aux études sont aussi précarisés“, a fait valoir Françoise Bertieaux. “Faire une bulle pour les étudiants, c’est faire insulte à toute cette jeunesse qui n’a pas cette chance (de faire des études)!“, a-t-elle jugé.
Devant les députés, Françoise Bertieaux a encore rappelé toutes les mesures prises par l’actuel gouvernement en faveur de la lutte contre la précarité, comme l’augmentation des allocations d’études ou encore le gel du minerval. Elle a aussi renvoyé vers les Régions, compétentes pour le logement ou les transports, lesquelles disposent de leviers pour réduire la précarité étudiante.
Réactions critiques
Les propos de Françoise Bertieaux n’ont pas totalement convaincu, même au sein de la majorité arc-en-ciel, le député Martin Casier (PS) déplorant notamment que la ministre “oppose les pauvres les uns aux autres”. Rodrigue Demeuse (Ecolo) a lui pointé une attitude qui va l’encontre d’une résolution interparlementaire unanime de 2021 visant à lutter contre la précarité étudiante. Dans l’opposition, John Beugnies (PTB) a fustigé une ministre “déconnectée” des réalités. Pour les Engagés, Michel de Lamotte s’est, lui, inquiété que la ministre n’ait pas cherché à apaiser les tensions avec la FEF.
►Revoir||Une précarité étudiante toujours grandissante, dénonce la FEF (14/09/22)
Contactée par nos soins la présidente de la FEF, Emila Hoxhaj, répond qu’en tant que porte-parole des étudiants “c’est notre rôle de nous faire l’écho des problème qu’ils rencontrent. La réalité c’est que les étudiants vivent de plus en situation de précarité en raison de l’augmentation du coût des études. Si la ministre souhaite qu’on arrête de l’interpeller sur ce sujet, qu’elle prenne des mesures pour combattre la priorité étudiante.”
Avec Belga