Double meurtre à Kraainem : Pierre Devalet a fait preuve d’une “détermination diabolique”, a plaidé Me Mary

Pierre Devalet est en aveu d’avoir commandité les assassinats de sa compagne Magali Wagner, et de sa belle-fille, Coline Ghinet.
“Retenez sa patience calculatrice”, a dit à l’attention des jurés Me Sven Mary, lundi devant la cour d’assises de Bruxelles, en évoquant l’accusé Pierre Devalet et sa longue préméditation. Ce dernier est en aveu d’avoir commandité, dès août 2021, les assassinats de sa compagne, Magali Wagner, et de sa belle-fille, Coline Ghinet, commis en mars 2022 à Kraainem. Vincent Léglise et Beby Ngongi sont accusés d’être également auteurs des faits, le premier en tant qu’intermédiaire, le second en tant qu’exécutant.
Me Sven Mary, conseil de la partie civile, a rappelé que la première discussion où il avait été question de planifier un meurtre datait d’août 2021, lorsque Pierre Devalet a rencontré Vincent Léglise, un ami de son frère, dans un bowling à Marche-en-Famenne, et qu’il lui a confié ses problèmes de couple. Selon Pierre Devalet, Vincent Léglise lui avait répondu connaître “quelqu’un qui peut éliminer des gens“.
Langage codé
Cette discussion a bel et bien existé, selon Me Mary, puisque Pierre Devalet avait recontacté Vincent Léglise le 8 novembre suivant. “Il lui écrit: ‘Bonjour Vincent, j’espère que tu vas bien. Je reviens vers toi pour voir si tu te souviens de la proposition que tu m’as faite au bowling’. Et l’autre lui répond: ‘Bonjour Pierre, oui je me souviens'”, a relu l’avocat. Pour ce dernier, les discussions qui ont suivi et qui évoquent la réalisation de travaux dans la maison, transformée en kots, de Pierre Devalet à Schaerbeek, ne sont qu’un langage codé pour organiser le crime. Me Mary a notamment souligné qu’aucune trace d’un quelconque devis n’a été trouvée et que, comme l’ont dit des témoins, “Beby Ngongi a deux mains gauches”.
Après les faits, l’objet des discussions est devenu l’achat d’un “oldtimer” (voiture ancêtre) par Pierre Devalet via Vincent Léglise. Là aussi un langage codé, pour le pénaliste. Le message de Vincent Léglise disant: “le garagiste demande le reste vu qu’il a terminé le ponçage” signifie que Beby Ngongi demandait le reste de l’argent promis après avoir exécuté les deux assassinats. “Sans Vincent Léglise, jamais Pierre Devalet et Beby Ngongi ne se seraient rencontrés. Vincent Léglise connaissait parfaitement son rôle et savait ce qui allait se passer. Il a apporté une aide indispensable à la réalisation des crimes et doit être reconnu coupable comme co-auteur”, a demandé Me Mary.
Co-auteurs
Pierre Devalet, Beby Ngongi et Vincent Léglise sont accusés d’être auteurs ou co-auteurs de l’assassinat de Magali Wagner, âgée de 46 ans, et de sa fille, Coline Ghinet, âgée de 17 ans. Les victimes étaient la compagne et la belle-fille de Pierre Devalet. Elles ont été droguées puis tuées à coups de couteau dans la maison où elles vivaient avec celui-ci à Kraainem, dans la nuit du 23 au 24 mars 2022.
Selon l’enquête, le couple formé par Pierre Devalet et Magali Wagner battait de l’aile et celle-ci avait pris la décision de quitter son compagnon après dix ans de vie commune. Pierre Devalet, suspecté d’être le commanditaire des crimes, est en aveu. Beby Ngongi, accusé d’être l’exécutant, est en aveu d’avoir été payé pour commettre les crimes, mais affirme avoir finalement renoncé. Quant à Vincent Léglise, accusé d’être intervenu comme intermédiaire entre le commanditaire et l’auteur, il nie toute implication.
Belga – Photo : Belga