Dossier Abdessalem Lassoued: les services de renseignement disent avoir fait leur boulot

La Sûreté de l’Etat et l’Ocam, l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace, ont fait leur boulot en ce qui concerne le dossier Abdesalem Lassoued, l’homme qui a tué en octobre dernier à Bruxelles deux supporters de l’équipe suédoise de football. C’est en tout cas ce qu’il ressort des explications des dirigeants des deux organes venus répondre aux questions en commission de la Chambre, mardi. Les informations disponibles au sujet du Tunisien ne permettaient pas de le reprendre dans la banque de données commune “terrorisme”, ont-ils indiqué.

La Sûreté, l’Ocam, l’Office des étrangers, le parquet bruxellois et le Centre de crise national étaient invités mardi en milieu de journée à s’exprimer à la Chambre sur la gestion de l’attentat qui a ébranlé la capitale le 16 octobre. Dans la matinée, la direction de la police était déjà passée par là.

La question centrale restant celle de ce qui a été fait, ces dernières années, des quelques éléments connus sur le parcours d’Abdesalem Lassoued. Le Tunisien était en séjour illégal en Belgique depuis plusieurs années, et il est apparu qu’il avait été condamné dans son pays d’origine.

Selon Francisca Bostyn, administratrice générale de la Sûreté, ses services ont donné suite à toute forme d’information qui leur est parvenue de 2016 à 2023 au sujet de l’auteur de l’attaque. Cela concerne un signalement de l’Italie en 2016 au sujet d’un certain “Laswad” qui aurait indiqué vouloir rejoindre les rangs du groupe terroriste Etat islamique et avait eu contact avec trois numéros de téléphone anonymes en Belgique, mais aussi un signalement de la zone de police Bruxelles Nord de possibles prêches qu’il aurait tenus à une mosquée de Schaerbeek.

Dernier élément: les informations transmises par un demandeur d’asile logé au centre d’Arendonk, selon lequel Lassoued avait été condamné pour terrorisme. À chaque fois, les éléments étaient peu détaillés et ne pouvaient être confirmés.

Pas d’indications de radicalisation dans le rapport de la Sûreté

La Sûreté avait également établi un rapport d’une dizaine de pages au sujet du Tunisien et de son épouse, mais sans rassembler d’indications de radicalisation ou de visée terroriste. “Il était depuis 2015 en Belgique, mais à notre connaissance n’attirait d’aucune manière l’attention des services, alors même que l’on se trouvait dans une période où le moindre signe de radicalisation était suspect“, a expliqué l’administratrice générale. L’information disponible ne permettait pas de reprendre l’intéressé dans la banque de données terrorisme, liée à des critères stricts, insiste-t-elle.

Le récit du directeur de l’Ocam, Gert Vercauteren, va dans le même sens. Ses services étaient également au courant du signalement italien, des possibles prêches à Schaerbeek et des dires du demandeur d’asile d’Arendonk, mais “les quelques éléments que nous avions n’étaient jamais suffisants pour justifier une inscription dans la banque de données“, confirme-t-il. Abdesalem Lassoued avait cependant été au centre d’une réunion d’une taskforce locale, et son cas était suivi.

Tout en affirmant avoir fait le travail attendu, Francisca Bostyn et Gert Vercauteren ont tous deux admis qu’il y avait des marges d’amélioration au sein de leurs organisations respectives: pour la Sûreté, au niveau par exemple du partage d’informations et de la répartition des tâches avec les partenaires, selon la première.

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Belga