Dix engagements pour une meilleure sécurité routière
Les ministres fédéraux et régionaux compétents pour la sécurité routière ont signé mardi à Bruxelles 10 engagements communs pour diminuer le nombre de victimes sur les routes. En toile de fond, une question est revenue sur le tapis lors de cette présentation: quatre niveaux de pouvoir, n’est-ce pas trop pour une seule compétence?
La Belgique s’est lancée, en 2021, le défi “All for zero”: réduire à zéro le nombre de tués sur les routes à l’horizon 2050 et, pour y parvenir, réduire de moitié les victimes et blessés graves, ainsi que les comportements à risque d’ici 2030. Deux ans plus tard, les ministres fédéraux de la Mobilité Georges Gilkinet et de l’Intérieur Annelies Verlinden, ainsi que leurs homologues régionaux Elke Van den Brandt pour Bruxelles, Valérie De Bue en Wallonie et Lydia Peeters en Flandre ont dégagé 10 engagements conjoints pour atteindre cet objectif.
Parmi ces 10 points, ils prévoient au premier chef de développer des actions coordonnées en matière de prévention, de contrôle, de sanction et de réhabilitation pour en finir avec les “trois grands tueurs de la route” que sont la vitesse, la distraction au volant et la conduite sous influence. Concertation et coopération sont également les maîtres-mots de leur deuxième engagement. S’il s’agit de collaborer activement dans le domaine de la sécurité routière, pourquoi avoir éparpillé cette matière entre fédéral, Régions et Communautés? “C’est le résultat de la dernière réforme de l’État”, a rappelé M. Gilkinet. En 2014, celle-ci a transféré la compétence du fédéral vers les Communautés et Régions.
“Tour d’ivoire bruxelloise”
“Ce n’était pas mon choix mais nous sommes parvenus à travailler ensemble en profondeur”, a relevé l’écologiste. “Notre coopération vise à rendre les règles plus claires et la route plus ‘lisible’ pour tous”, a poursuivi sa collègue libérale Lydia Peeters. “Un site internet commun pourra apporter plus de clarté”, a espéré Mme De Bue pour la fin de cette législature. Les différents ministres sont “d’accord sur beaucoup de choses” selon M. Gilkinet, mais pas sur tout. “Je ne suis pas partisane d’imposer les mêmes règles partout”, a ainsi répondu Mme Peeters, interrogée sur la généralisation d’une limite à 30 km/h en ville, comme c’est le cas depuis le 1er janvier 2021 à Bruxelles. Ce type de mesure “doit être laissé aux mains des pouvoirs locaux”.
Selon la ministre flamande, il serait ainsi contreproductif de prescrire une limite générale “depuis (s)a tour d’ivoire bruxelloise”. Sa collègue libérale wallonne a acquiescé, relevant des “contextes et configurations différents”. Pour la Bruxelloise Elke Van den Brandt, ce choix a fait ses preuves. “Les gens roulent moins vite sur tous les axes”, même ceux dont la limite est restée à 50 km/h. Outre une baisse des accidents graves ou mortels, la zone 30 présente l’avantage de réduire le bruit, “premier facteur de stress” en ville, a encore défendu la ministre. En 2019 (dernière année pré-Covid, avant que la pandémie ne limite les déplacements), 644 personnes ont perdu la vie sur les routes belges. En 2022, le nombre de décès à 30 jours (soit le nombre de morts sur le lieu de l’accident auquel s’ajoute celui des victimes décédées dans les 30 jours suivant un accident) était de 540.
Les chiffres définitifs pour l’année 2023 ne sont pas encore disponibles. L’Institut de sécurité routière Vias estime pour le moment les décès en légère baisse (506), tandis que le nombre de blessés graves accuserait une très légère hausse (provisoirement 3.443, contre 3.400 en 2022). D’ici 2030, l’objectif est de déplorer un maximum de 320 décès et de 1.750 blessés graves. Dans cette optique, les ministres belges veilleront notamment à créer des voies publiques qui tiennent compte des besoins des plus jeunes. “Si un enfant de 8 ans s’y sent en sécurité, alors ce sera le cas de tout le monde”, a argumenté Lydia Peeters. Les entités se sont aussi engagées à financer et valoriser des projets locaux (comme c’est déjà le cas des Responsible Young Drivers, d’un atelier-théâtre sur la consommation au volant ou encore d’un jeu pour une meilleure intégration des cavaliers). La lutte contre la récidive et les formations pour permettre la réhabilitation des conducteurs “au comportement problématique” font également partie des 10 engagements communs.
Belga