Deux journalistes poursuivies en correctionnelle pour avoir hébergé des migrants

Douze personnes dont deux journalistes sont actuellement poursuivies devant le tribunal correctionnel de Termonde pour organisation de trafic d’êtres humains, a indiqué jeudi à Belga l’avocat de l’une d’entre elles, Me Alexis Deswaef, confirmant une information du magazine Moustique.

Les deux journalistes poursuivies sont Anouk Van Gestel, rédactrice en chef de Marie Claire Belgique, et Myriam Berghe, journaliste chez Femmes d’Aujourd’hui, défendues respectivement par Me Alexis Deswaef et Me Jan Fermon. Sur le fond, Me Deswaef conteste l’implication de sa cliente, Anouk Van Gestel, dans tout trafic d’êtres humains impliquant des migrants. “Sur les douze prévenus, il y a des personnes qui ont visiblement organisé des transferts de migrants vers le Royaume-Uni. Mais dans le cas des deux journalistes, on a plutôt affaire à un profil d’hébergeuses. C’est ahurissant de réunir ces dossiers. La machine répressive s’emballe. Le procureur a relevé pas moins de 95 faits. Cela n’a aucun sens.”

Me Deswaef rappelle à cet égard l’article 77 de la loi du 15 décembre 1980 sur l’accès au territoire. Cette disposition légale stipule dans son alinéa 1er que toute personne qui aide à franchir une frontière de manière illégale sera poursuivie. “Mais l’alinéa 2 stipule que l’alinéa 1er ne s’applique pas si l’aide est offerte pour des raisons principalement humanitaires”, rappelle l’avocat. L’avocat s’interroge en outre sur le fait que ce dossier a atterri à Termonde. “Ce n’est pas clairement expliqué dans le dossier. J’imagine que c’est pour certains faits commis sur des aires d’autoroute entre Bruxelles et Gand.” Pour lui, une condamnation de sa cliente serait “un non-sens juridique“.

L’audience d’introduction s’est déroulée le 22 mai dernier devant le tribunal correctionnel de Termonde. Une deuxième audience s’est tenue ce lundi 28 mai. Onze des douze prévenus étant francophones, leurs avocats ont plaidé le changement de langue. Le tribunal rendra sa décision à ce propos lundi prochain. S’il accède à la demande de changement de langue, le dossier serait alors transféré vers Bruxelles. “Le tribunal devrait selon toute vraisemblance accorder ce changement de langue, en application des articles 23 et 24 sur l’emploi des langues“, estime Me Deswaef. “Je ne vois pas quelle circonstance de la cause permettrait de le refuser, même si le procureur s’y est opposé. En cas de refus, nous pourrions envisager un recours.” Selon Alexis Deswaef, le plateforme citoyenne d’hébergement de sans-papiers “s’inquiète légitimement” de la tenue de ce procès. “Ils se demandent: qui seront les suivants?

Belga

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31 mai 2018 - 18h57
Modifié le 01 juin 2018 - 12h06