Des stratégies à court et long terme pour lutter contre l’abstention électorale
Jean-Benoît Pilet, professeur en sciences politiques à l’ULB est l’auteur d’une étude financée par Itsme, sur l’abstention électorale. Il a étudié le scrutin fédéral et montre plusieurs causes de la hausse de l’abstention.
Depuis quelques années, l’abstention a tendance à augmenter en Belgique malgré l’obligation de vote. Aux dernières élections pour la Chambre, 11,6% des électeurs ne se sont pas déplacés et 5% ont voté blanc ou nul. Il existe des différences importantes et à Bruxelles, l’abstention peut atteindre les 20%.
De manière globale, ce sont principalement les personnes âgées, les jeunes, les personnes les moins diplômées et vivant en ville qui s’abstiennent le plus. Il existe deux types d’abstentionnistes: ceux qui ne votent plus jamais et les occasionnels.
Ceux qui ne votent jamais n’ont en général plus confiance dans le système politique, ne se trouvent pas représentés et ne connaissent pas l’utilité du vote. Ils sont assez éloignés de la vie politique. “Pour ces personnes, il faut une stratégie à long terme pour les faire revenir vers les urnes, explique Jean-Benoit Pilet. Cela passe par des cours d’éducation civique par exemple.”
Pour les occasionnels, cela dépend souvent de l’enjeu du scrutin. “Aux Européennes, le taux d’abstention est plus important alors qu’aux communales, il est moindre. La confiance est aussi plus grande envers les autorités locales.” Pour cette catégorie, simplifier les conditions de vote comme la suppression de l’effet dévolutif de la case de tête ou encore un élargissement des jours de vote pourraient être une solution.
Pour les étrangers et les 16-18 ans qui pourront s’inscrire pour voter pour les élections européennes, l’étude préconise de simplifier la procédure. Pour Itsme qui finance l’étude, elle pourrait être une solution. L’application qui permet de sécuriser la signature sur internet, pourrait être utilisée. “Itsme se positionne aussi sur le vote par GSM mais pour nous, cela n’est pas la bonne solution. La technologie n’est pas encore assez sûre pour cela.”
En tout cas, une chose est certaine pour le chercheur, il ne faut pas abolir l’obligation car cela augmenterait l’abstention et serait un mauvais signal sur l’importance du vote.
■ Interview de Jean-Benoit Pilet, professeur en sciences politiques de l’ULB, par Vanessa Lhuillier
Photo: Belga/Hatim Kaghat