Des réunions cruciales, l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce mercredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito les sommets de l’OTAN, du G7 et la réunion des chefs d’États de l’Union Européenne desquels découleront des discussions et décisions autour de l’Ukraine.
Demain sera une journée cruciale pour la suite de la guerre en Ukraine. Une journée cruciale pour l’avenir du continent européen. Avec un risque d’escalade à ne pas négliger. Et tout cela se passera dans notre ville, à Bruxelles.
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Trois sommets pour le prix d’un. L’OTAN, l’alliance militaire qui lie Européens et Américains le matin. Un G7, les sept pays les plus industrialisés au monde, puis une réunion des chefs d’État de l’Union européenne, dans l’après-midi. Trois sommets rehaussés par la présence du président américain, Joe Biden. Avec un ordre du jour très simple : les conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cette apparente simplicité cache des discussions aux ramifications multiples. Demain, on parlera de stratégies militaires, de déploiements à court et à long terme, de sanctions économiques, mais aussi de guerre cybernétique, et même d’armes chimiques.
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Cette menace chimique, c’est désormais l’un des points cardinaux de la communication très stratégique à laquelle se livrent tant les Russes que les Américains. Coté russe, on affirme que les Ukrainiens possèdent des armes chimiques, que celles-ci ont été développées avec l’aide de l’OTAN. Coté américain, on suspecte que cette communication russe soit un préalable pour justifier l’emploi de ce type de munitions par l’armée de Vladimir Poutine. Une menace crédible, a déclaré Joe Biden avant de rejoindre l’Europe.
Cette menace chimique, elle nous fait frémir bien sûr. Elle doit être prise au sérieux. Parce qu’on sait que ce type d’armes sales a bien été utilisé en Syrie. Et parce qu’on a pu constater que jusqu’ici, les avertissements américains ont juste. Alors que les dénégations russes n’étaient que de l’enfumage. Surtout, on sent une forme de stagnation sur le terrain militaire. Un gel des positions des uns et des autres qui pourraient bien inciter l’agresseur à vouloir passer la vitesse supérieure. Un agresseur qui aurait déjà perdu 10 000 soldats en trois semaines et qui serait confronté à une vague de désertion dans ses rangs.
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En face, la réponse des occidentaux sera donc cruciale. Avec deux logiques qui s’opposent. D’un côté, des États qui estiment que le refus d’une confrontation directe avec la Russie doit rester la ligne de conduite. On peut donc continuer à armer les Ukrainiens, les aider à résister pour qu’ils ne doivent pas capituler et restent en bonne position dans les discussions diplomatiques. Mais d’autres États envisagent désormais de passer à intervention plus franche. C’est l’idée d’instaurer une “no flight zone” au-dessus de l’Ukraine. Ou d’envoyer des soldats au sol sous forme de casques bleus, voir d’assumer purement et simplement un soutien militaire à l’armée ukrainienne en envoyant des troupes en renfort. Cette idée est sérieusement débattue dans des pays comme la Pologne ou les Pays Baltes, on n’est pas sûr qu’elle fasse l’unanimité parmi les 27 états de l’Union européenne.
Ça, c’est sans doute l’un des points d’attention sur lequel on devra se focaliser lors des réunions de demain. La capacité des Européens et des Américains à rester dans une stratégie commune. À offrir toujours une seule et même réponse, que ce soit sur le plan militaire, diplomatique, économique ou énergétique. Ne pas se diviser. Ne pas céder au chantage. Ne pas répondre aux provocations. Le bras de fer se joue sur tous les terrains. Et nous sommes en plein dedans.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley