Des parents crient leur désarroi face à la pénurie de chauffeurs pour l’enseignement spécialisé : “C’est l’horreur”

La mère d’une élève de l’enseignement spécialisé témoigne dans + d’Actu des difficultés qu’elle rencontre depuis la rentrée scolaire pour accompagner son enfant à l’école en raison d’un manque de transports vers ces écoles.

Alors que la rentrée scolaire a démarré ce lundi dans l’enseignement francophone, les parents d’élèves de l’enseignement spécialisé tirent la sonnette d’alarme : en raison d’une pénurie de chauffeurs dans le secteur du transport scolaire, plusieurs circuits destinés à emmener ces élèves vers des écoles de l’enseignement spécialisé n’ont pu se faire depuis le début de la semaine. Pour faire face à cette situation, la Commission communautaire française (Cocof) a mis en place un call center au numéro gratuit 02/526.72.72 pour trouver des solutions alternatives autour de ces transports.

Diverses solutions sont mises en œuvre qui passent notamment par la solidarité des parents, des taxis équipés pour les personnes à mobilité réduite et le service taxibus de la STIB.

Camille Démaret, maman d’Iris, une élève de 4 ans inscrite dans l’enseignement spécialisé et touchée par un handicap moteur, une déficience visuelle et l’autisme, est confrontée à ce problème particulier : “Elle n’a pas de bus scolaire cette année, contrairement à ces deux dernières années. Mon ex-compagne a appris cela le jour de la rentrée, dans l’après-midi… “, explique-t-elle. “On habite à Saint-Gille et Ixelles, or son école est à l’autre bout de la chaussée de Waterloo, à Uccle. Iris doit donc prendre le bus… C’est très fatiguant, et les chauffeurs n’ont pas toujours de la patience. Et une fois qu’on a déposé Iris, il faut faire tout le trajet en sens inverse pour rejoindre son travail, puis demander de partir en avance. C’est l’horreur”, ajoute-t-elle.

“On joue perpétuellement aux équilibristes”

Près de 300 familles sont touchées par cette pénurie parmi les 3 200 enfants inscrits dans l’enseignement spécialisé en Région bruxelloise, et une pétition lancée par Camille Démaret a déjà recueilli près de 800 signatures : “Personnellement, nous sommes privilégiés mais la situation est différente pour d’autres. (…) Ce sont souvent des parents solitaires qui ne peuvent pas amener leur enfant à l’école, donc ces enfants manquent l’école”. Elle s’interroge surtout sur le timing de l’annonce de ces problèmes, soit le jour de la rentrée : “Notre quotidien est déjà difficile et chronométré. On joue perpétuellement aux équilibristes. On ne peut pas nous dire qu’il n’y aura pas de bus pour les trois prochaines semaines sans trouver de solution alternative. (…) On veut surtout un budget alloué et une politique qui se concentre sur nos problèmes, pour éviter d’être invisibilisés”.

La Cocof explique, pour sa part, que 21 écoles de l’enseignement spécialisé sont impactées sur les 65 enregistrées en Région bruxelloise, et qu’une trentaine de circuits organisés sur les 220 prévus n’ont pu être relancés pour cette rentrée en raison d’un manque de répondants à l’appel d’offres de la Cocof. La commission précise qu’elle va relancer ces appels d’offres pour trouver des sociétés de transports capables de prendre en charge ces enfants. Elle indique également qu’elle prendra en charge les éventuels frais engagés par les familles suite à ces solutions d’urgence (transports via la Stib ou via taxis).

Concernant ces solutions d’urgence proposées par la Cocof, Camille Démaret estime qu’elles ne sont pas viables sur un moyen terme : “Je ne prendrais pas la responsabilité de transporter d’autres enfants en situation de handicap, qui ont tous des besoins spécifiques. Nous voulons des transports quotidiens, et qu’il y ait une solution pérenne”, conclut-elle.

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