Des détenus roués de coups dans un commissariat d’Anderlecht : les images choquantes révélées par la RTBF
Les images montrent plusieurs scènes de violences exercées par un policier sur des détenus au commissariat de la rue Démosthène. Le policier violent a été déplacé mais est toujours en service au sein de la zone.
La cellule Investigation de la RTBF a mené l’enquête sur le racisme et la violence au sein de la police. Les journalistes Fabrice Gérard et Santos Hevia révèlent entre autres des image inédites de caméras de surveillance filmées au commissariat de police Démosthène, à Anderlecht (Zone Midi), et datant du 30 mai 2020. On y voit un policier se prêter, à plusieurs reprises, à des actes d’une grande brutalité, d’abord sur un jeune homme d’origine étrangère. L’homme, qui avait été placé en détention, est violemment poussé en cellule et ensuite roué de coup par un inspecteur.
Les images révèlent également une autre scène de violence, menée cette fois dans les couloirs du commissariat. Un homme sans papiers menotté reçoit plusieurs coups du même inspecteur, sans susciter la moindre réaction des policiers présents.
Les images sont bien remontées au contrôle interne, rapporte la RTBF. Le policier auteur des coups a été entendu. Il a fait l’objet d’une lourde sanction disciplinaire, et financière, selon le chef de corps actuel de la zone de police Midi, Jurgen De Landsheer. Il a également été déplacé, mais le policier violent est toujours en service.
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Sur le plan judiciaire, le parquet avait ouvert une enquête sur base des éléments communiqués par la zone. L’agent concerné avait comparu devant le tribunal correctionnel en octobre 2022. Procédure qui s’est soldée par une suspension du prononcé.
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“Comportements inacceptables et gravissimes”
Ecolo a réagi suite à la diffusion du reportage. Pour les Verts, “il est indispensable de sanctionner de tels comportements inacceptables et gravissimes.”
“Il est urgent de faire toute la lumière sur ces comportements gravissimes et ces manquements déplorables“, explique la co-présidente Ecolo Rajae Maouane. “Au delà de ces faits particuliers qui nous interrogent grandement, nous rappelons que, si la fonction de policier et policière est difficile et essentielle pour notre Etat de droit, elle exige également des comportements exemplaires. Nous souhaitons des services de police respectés et respectables pour rétablir la confiance entre la police et la population.”
“Les actes de violence commis par notre police portent gravement atteinte à notre démocratie.“, pour le député bruxellois Hicham Thali. Ecolo exige la “tolérance zéro” pour les violences policières. Et s’adresse aussi au Fédéral, demandant notamment l’amélioration du fonctionnement du Comité P.
Ce policier “n’a pas sa place” dans la zone”, selon les bourgmestres d’Anderlecht, Saint-Gilles et Forest
Les trois bourgmestres de la zone Midi ont réagi également. Dans un communiqué commun, ils déplorent “des faits inqualifiables et choquants.” “Il ne peut être porté atteinte à la dignité et à l’intégrité d’une personne interpellée. La loi l’interdit, l’éthique le réprouve.”, déclarent-ils. Ils regrettent que les images de vidéo-surveillance n’aient pas été communiquées au Collège de police.
“A la lumière de ce nouvel élément, les bourgmestres vont examiner si de nouvelles mesures peuvent être prises à l’attention de l’intéressé. Il n’a pas sa place au sein du corps de police de la zone Midi.” Les bourgmestre n’étaient-ils pourtant pas au courant des faits de violence perpétrés au sein de la zone ?
Les faits rapportés dans le reportage réclament “un traitement exemplaire.”, ajoutent les trois édiles, qui se disent favorable à une révision de la loi sur les procédures disciplinaires des agents pour les rendre “plus rapides, sûres et simples” et à une mise en oeuvre rapide de la réformes des bodycams. Ils indiquent également que le Collège est favorable à ce que toute condamnation pénale d’un policier entraîne sa démission d’office.
Rédaction