Des bornes audio à Bruxelles pour déconstruire les préjugés sur le bracelet électronique
Celles-ci diffusent des témoignages d’anciens prisonniers placés sous bracelet électronique. La démarche vise à déconstruire les stéréotypes véhiculés par ce dispositif de surveillance.
Dans le cadre des Journées nationales de la prison, qui se déroulent jusqu’au 24 novembre prochain, le service d’aide aux justiciables Rizome a installé des bornes audio dans quatre lieux emblématiques de la capitale.
Les bornes audio, installées au Palais de justice, au Parlement bruxellois, à MuntPunt ainsi qu’à la Maison de la Culture de Saint-Gilles, font résonner les témoignages d’anciens détenus à qui un bracelet électronique a été placé à la cheville à leur sortie de prison. Le bracelet électronique, c’est “un isolement d’un autre type, mais un isolement quand même”, déclare l’un d’eux. “Un stress permanent, puisque les horaires doivent être respectés à la lettre”, “un périmètre très limité, à l’intérieur même de votre maison”, affirment d’autres.
Comme l’observe au quotidien l’ASBL Rizome, le bracelet électronique, bien que souvent perçu comme une faveur, complique en fait les démarches de réinsertion des condamnés ayant bénéficié d’une sortie anticipée. “La sortie de prison est en soi déjà une étape périlleuse et complexe: il faut construire un nouveau projet, trouver un logement, une formation, un emploi, etc. Le bracelet électronique va limiter plus encore le champ des possibilités, puisqu’il est parfois refusé dans certains centres, dans certains logements”, explique Jean Vander Wee, chargé de projet chez Rizome-Bxl.
Les personnes sous bracelet électronique ne peuvent par ailleurs prétendre qu’à une “allocation entretien détenu”, qui s’élève en moyenne à 650 euros/mois pour une personne isolée. Une allocation bien en deçà des indicateurs de seuil de pauvreté, s’indigne l’association Rhizome La Ligue des droits humains (LDH), qui est associé au projet sonore, y voit en outre une extension du filet carcéral: “ces mesures alternatives ne se substituent pas à la prison, elles s’y ajoutent”, explique Manuel Lambert, conseiller juridique à la LDH.
Malgré cela, un tel bracelet est de plus en plus utilisé en Belgique. L’an dernier, plus de 11.000 personnes se trouvaient sous surveillance électronique dans le royaume, tandis que quelque 12.500 personnes sont incarcérées dans les prisons du pays. Aux yeux de Rhizome-Bxl et la Ligue des droits humains, ces bracelets ne sont autre qu’un “boulet au pied de la réinsertion”. Les deux acteurs appellent dès lors les autorités à bâtir une “politique sérieuse d’alternatives au lieu du tout-à-la-prison défendu par les partis qui négocient la formation d’un gouvernement au fédéral”.
Belga