Démocratie : les Belges de plus en plus prêts à accepter un leader unique
Les Belges sont-ils plus enclins à faire confiance à un leader unique à la tête du pays ? C’est la question posée par l’institut de sondages Kantar avec la RTBF et La Libre, dans une étude autour des Belges et leur vision de la démocratie.
Comme l’an dernier, ce sondage proposé par l’institut de sondages Kantar en collaboration avec la RTBF et La Libre, se veut être un baromètre de la société belge et de sa confiance envers la démocratie actuelle. Et comme en 2021, certains chiffres sont interpellants.
Rappelons avant tout qu’il s’agit d’un sondage et qu’il ne reflète pas une opinion complète de l’ensemble de la population. 1 101 personnes d’un échantillon représentatif de la population belge ont ainsi été interrogées entre le 10 et le 17 octobre 2022, et la marge d’erreur est de 3,1% autour du pourcentage observé. Seize questions autour de la politique, de la démocratie, de l’État belge et d’autres thèmes de société ont été posées.
On commence par la première proposition : « Notre société serait mieux gérée si le pouvoir était concentré dans les mains d’un seul leader ». Ils sont désormais 39,5% à être d’accord avec cette affirmation, soit un score en légère hausse de près de 2% par rapport à 2021.
Supprimer le système actuel ?
La nuance est toutefois celle-là : un seul leader ne veut pas dire un dictateur. Un seul leader, ça peut être par exemple un président de la République comme en France. Dans les sous-questions posées, ils ne sont d’ailleurs que 4% à vouloir un dictateur, mais un jeune de moins de 35 ans sur dix est d’accord avec l’idée d’être sous un régime dictatorial.
Près de six sondés sur 10 (57,9%) estiment qu’il faut supprimer et remplacer le système démocratique actuel et plus d’un sur 10 (12,6%) disent qu’il faut le remplacer par un système plus autoritaire. Une affirmation qui interroge quant à notre système démocratique actuelle.
Notons également des différences flagrantes entre la Flandre, d’une part, et la Wallonie et Bruxelles, d’autre part. Dans le sud, on se dit plus en faveur des outils de démocratie directe (assemblée participative, référendum…) alors que de l’autre côté de la frontière linguistique, on soutient plutôt une coalition de plusieurs partis politiques pour diriger le pays, comme c’est le cas actuellement.
L’échelon local reste en tête
On se rend compte dans ce sondage que l’échelon local est le plus plébiscité par les personnes interrogées. Concernant les mandats qui leur inspirent confiance, les personnes sondées mettent surtout en avant le rôle de bourgmestre. 39,3% des Belges estiment que c’est lui ou elle qui répond le mieux à leurs besoins et attentes. Cette confiance s’érode toutefois : ce pourcentage était de 44,4% en 2021.
À la question de savoir s’ils sont prêts à s’impliquer en tant que citoyen dans la gestion politique à un certain échelon, ils sont plus d’un Belge sur deux (54,1%) à accepter un rôle communal contre 4 Belges sur 10 pour la Région (40,7%), et un score encore moindre au niveau fédéral (38,9%).
Notons enfin que moins d’un Bruxellois sur deux explique ne pas encore savoir pour qui il votera en 2024, année durant laquelle on votera à tous les échelons du pouvoir.
La confiance envers la police, la justice et les soins de santé
Les Belges ont également été interrogés sur leur perception de la police, de la justice et du monde de la santé. Sept Belges sur dix (70,9%) se disent d’accord avec le fait que l’État et le système actuel de soins de santé améliore leur niveau de vie, une proposition en légère baisse par rapport à 2021 (73,2%).
Par contre, la police et la justice sont moins soutenues. Près d’un Belge sur deux (53,2%) se dit protégé par la police et le système judiciaire en Belgique, un score en baisse par rapport à 2021 (56,4%).
Enfin, 79% des sondés estiment qu’il faut sanctionner plus sévèrement qu’aujourd’hui les discriminations liées au sexe, au genre ou à l’origine, une tendance plus marquée à Bruxelles et en Wallonie qu’en Flandre, et plus marquée chez les femmes que chez les hommes.
■ Les explications de Grégory Ienco dans Le 12h30.
Photo : Belga/Hatim Kaghat