Déménagement dans la Tour Iris : une ex-fonctionnaire de la Région bruxelloise accusée de “corruption publique”

Silver Tower Tour Iris - Google Street View

L’Office central pour la répression de la corruption (OCRC) a transmis au parquet de Bruxelles un P.-V. pour de possibles faits de “corruption publique”, rapporte Le Soir.

Selon des informations dévoilées ce mardi par le quotidien Le Soir, l’Office central pour la répression de la corruption (OCRC) se penche sur le déménagement des fonctionnaires du Service public régional de Bruxelles (SPRB) et de Bruxelles Fiscalité (BF) au sein de la nouvelle tour Iris, près de la gare du Nord. Ce déménagement s’est déroulé entre fin 2020 et début 2021 sur 40 000 m² de bureaux. Ce projet de déménagement, baptisé Be Connected et doté d’un budget de 57 millions d’euros, n’est pas visé dans sa globalité : l’OCRC s’intéresserait plus particulièrement aux liens entre ce projet et le cabinet de consultance Deloitte.

Selon le SPRB, Deloitte a facturé près de 5 millions d’euros pour Be Connected, dont près de 2 millions d’euros pour le sous-projet Digital Signage. Ce sous-projet, selon Le Soir, devait fournir à ce nouveau bâtiment de l’administration bruxelloise des écrans tactiles ultramodernes.

De l’administration aux bureaux de Deloitte Legal

L’OCRC a transmis un procès-verbal au parquet de Bruxelles pour des possibles faits de “corruption publique” autour de ces projets. Selon Le Soir, les soupçons de l’OCRC se cristalliseraient autour de l’ancienne directrice des affaires juridiques de la SPRB, en charge de la coordination du projet Be Connected, et donc en contact direct avec Deloitte. C’est cette personne qui s’occupait notamment de transmettre les factures de Deloitte à un comité de sponsoring, mené alors par les patrons de l’époque de la SPRB et de Bruxelles Fiscalité. Mais selon Le Soir, l’ancienne directrice des affaires juridiques faisait également partie de ce comité de sponsoring. En outre, cette dernière se révélait être une des bénéficiaires de l’accompagnement de Deloitte dans ce projet, en plus d’être sa principale interlocutrice, révèle Le Soir.

Cette haute fonctionnaire a toutefois démissionné de son poste dans l’administration publique au 30 septembre 2020 pour rejoindre dès le lendemain… Deloitte, au sein de sa filiale juridique Deloitte Legal. Dans Le Soir, l’intéressée se défend de toute corruption ou de tout conflit d’intérêt. “J’insiste sur le fait que Deloitte Legal est une structure distincte de Deloitte Consulting (NDLR : le cabinet de consultance Deloitte). Pour le reste, je vous renvoie aux réponses que vous ont transmises le SPRB et Deloitte”, dit-elle. Et du côté de la Région, on indique que toute personne qui quitte les services publics pour le secteur privé doit respecter “une période de battement de deux ans avant de retravailler sur les dossiers de l’organisation qu’elle a quittée”.

Le parquet de Bruxelles, enfin, se refuse à tout commentaire sur ce dossier “à ce stade”.

Gr.I. – Photo : capture Google Street View

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25 octobre 2022 - 10h50
Modifié le 25 octobre 2022 - 10h50