Défilé du 21 juillet : la créatrice bruxelloise Siré Kaba habille la Princesse Delphine
Une jeune créatrice bruxelloise, au vestiaire afro-belge.
Ce mercredi après-midi, la Princesse Delphine est apparue pour la première fois à la tribune du défilé du 21 juillet, après l’affaire qui avait conduit à la reconnaissance de paternité de son père naturel, le Roi Albert II. Un premier défilé… pour lequel Delphine a opté pour une créatrice bruxelloise pour l’habiller : Siré Kaba, la créatrice de la marque Erratum Fashion, “une marque inspirée par l’Afrique mais authentiquement belge, avec des textiles africains valorisés“, nous explique la créatrice.
“J’ai fait connaissance avec la princesse Delphine en 2019, lors d’un défilé organisé par la banque BNP Paribas Fortis pour leur clientèle exclusive, avec Natan. L’organisateur, Stephan Kabongo, avait vu ma marque au Kanal Store, et m’a donc invité à montrer quelques pièces. La princesse y a donc découvert ma marque, et m’a envoyé un message sur Instagram pour me faciliter, et dire qu’elle avait beaucoup apprécié, et sa fille aussi“, indique Siré Kaba.
C’est d’ailleurs la fille de la princesse qui est à l’origine du choix de la marque pour ce 21 juillet : “pour ce défilé de la fête nationale, la princesse Delphine voulait quelque chose qui lui ressemble, et sa fille s’est rappelé de ma marque“, ajoute la créatrice.
Une robe en wax
Pour son premier défilé du 21 juillet en tant que princesse de Belgique, Delphine de Saxe-Cobourg est donc apparue avec une robe aux tons mauves, blancs et verts, avec un chapeau assorti.
“Il s’agit d’une pièce de coton, la matière que j’utilise principalement, avec du wax [un tissu importé par les Hollandais en Afrique, ayant reçu sur les deux faces un cirage hydrophobe], de l’indigo et d’autres matières“, commente la créatrice de la tenue, “c’est une pièce d’inspiration rétro, une robe mi-mollet avec des manches longues légèrement bouffantes. Une pièce audacieuse au niveau de ses imprimés, mais la princesse Delphine peut se le permettre, et cela reste élégant, raffiné et intemporel. Il fallait quelque chose que l’on remarque, mais sans en faire trop“.
Siré Kaba souligne aussi que la princesse a été séduite par “l’esprit résiliant de ma marque, on s’y retrouve elle et moi : quelque chose de joyeux, avec un message positif et résiliant, comme dans sa carrière artistique“.
Une inspiration africaine
Les motifs sont résolument inspirés par l’Afrique, tandis que les pièces sont produites dans un atelier social qui permet aux personnes éloignées du marché de l’emploi de s’insérer. “Je travaille au CPAS de Molenbeek, il était donc important pour moi, en créant ma marque, de garder ces valeurs sociales, de diversité et d’ouverture aussi, et de donner une chance à ceux qui en ont moins. Je travaille donc avec deux ateliers sociaux, à Molenbeek et à Liège”
► Reportage | Nous avions déjà rencontré Siré Kaba en 2017, lors des Brussels Fashion Days (21/10/2017)
Si les créations de Siré Kaba sont inspirées par ses racines africaines, elle qui est originaire de Guinée, c’est au terme d’un voyage au Sénégal en 2014 que la jeune femme se lance dans la mode, alors que cette diplômée en communication et journalisme (ULB) travaille toujours en parallèle comme chargée de communication au CPAS de Molenbeek.
“Ce voyage m’a profondément déconnecté avec mes racines africaines, et m’a donné matière à cogiter de retour en Belgique, d’autant que j’avais ramené plein de tissus, et que j’ai toujours adoré la mode. Suite à une remarque de ma fille aînée qui s’interrogeait sur la place occupée par les personnes métissées et noires dans la société belge, j’ai décidé de lancer ma marque de vêtements éthiques, Erratum Fashion, qui fait la part belle aux matières africaines, tout en gardant un lien fort avec la Belgique pour la production. Une mode afro-belge, donc, qui entend redonner de la couleur et du peps à nos dressings !“, commente-t-elle.
► Reportage | Siré Kaba avait été lauréate des Etoiles de Molenbeek, en mars 2020 (07/03/2020)
ArBr – Photo : Belga