Crise gouvernementale: le point sur les derniers évènements
La tension était palpable toute la semaine et on s’attendait à ce que la crise éclate au gouvernement ce week-end. C’est arrivé hier soir, à moins de 24h du départ du Premier ministre à Marrakech pour assister à la conférence des Nations-Unies sur le Pacte migratoire. La N-VA a maintenu que si Charles Michel se rendait au Maroc, le gouvernement devrait continuer sans elle. Le Premier a pris la balle au bond et est attendu chez le Roi ce dimanche matin.
Acte 1: La N-VA quitte le conseil des ministres et organise une conférence de presse dans la foulée
Les ministres N-VA ont quitté le conseil des ministres extraordinaire de samedi soir vers 20h30. Ils était arrivés une demi-heure plus tôt au cabinet du Premier ministre pour entendre la proposition que devait formuler Charles Michel à propos du pacte migratoire des Nations Unies. Mais les chances étaient faibles d’arriver à un accord, dans la mesure où une majorité alternative au parlement avait marqué en fin de semaine son soutien au Pacte migratoire. Jan Jambon et Theo Francken savaient que les chances étaient faibles de convaincre les partenaires de la coalition de ne pas engager la Belgique à la conférence des Nations-Unies qui se tient ce lundi à Marrakech.
Le consensus au sein de l’exécutif ne sera pas trouvé, les nationalistes flamands quittent le conseil et tiennent une conférence de presse au siège du parti peu de temps après. C’est là que le président de la N-VA, Bart de Wever, a annoncé que si Charles Michel persiste à vouloir partir dimanche soir à Marrakech pour approuver le Pacte migratoire, “il atterrira en étant le Premier ministre de la coalition de Marrakech“.
Acte 2: Charles Michel maintient sa position et annonce un gouvernement “orange-bleu”
Le Premier ministre a conservé le soutien des deux autres partis de la coalition, le CD&V et l’Open VLD: “Un compromis n’est pas possible sur les principes fondamentaux“, a réagi la présidente de l’Open Vld, Gwendolyn Rutten, qui souligne qu’elle a néanmoins eu une bonne collaboration avec la N-VA. “Une politique migratoire forte et humaine a besoin de collaboration internationale“, a ajouté via Twitter Mme Rutten, après l’annonce de Bart De Wever qui semble sceller le sort du gouvernement Michel.
Charles Michel a dès lors tenu une conférence de presse au Lambermont en fin de soirée, prenant acte de la démission de la N-VA, bien qu’elle n’ait pas été présentée officiellement par les ministres. “Nous prenons acte ce soir que la N-VA quitte la majorité suédoise et je veux remercier les ministres et secrétaires d’Etat N-VA pour tout le gigantesque travail qui a été mené durant ces 4 années dans l’intérêt général de la Belgique“, a déclaré M. Michel.
Le Premier ministre proposera que deux secrétaires d’Etat remplacent les trois ministres N-VA “afin de garantir la continuité et le bon fonctionnement de nos institutions et la stabilité”. M. Michel a confirmé qu’il s’envolerait dimanche pour Marrakech, où a lieu la Conférence internationale au cours de laquelle sera adopté le Pacte de l’ONU sur la migration, “comme chef d’une coalition responsable orange bleue“. A son retour, il mènera des consultations politiques.
Acte 3: Démission de la N-VA, Charles Michel en visite chez le Roi
Sur le plateau de l’émission “De Zevende Dag” sur la VRT ce matin, le vice-premier ministre Jan Jambon a fait savoir que la N-VA démissionne officiellement du gouvernement. “Je pense que, formellement parlant, nous démissionnons. Nous avons dit que si la coalition se rend à Marrakech, ce sera sans nous“, a dit M. Jambon. Le MR, le CD&V et l’Open Vld entendent poursuivre au sein d’un gouvernement minoritaire.
M. Michel a indiqué qu’il organiserait des consultations après son retour de Marrakech, mais déjà, la répartition des compétences est connue.
Ainsi, Maggie De Block (Open Vld) hérite du portefeuille de l’Asile et la migration. Le vice-premier ministre Open-Vld Alexander De Croo prend la tête du ministère des Finances à la place de Johan Van Overtveldt et se voit remplacer par Philippe De Backer (Open Vld) aux Telecom.
Pieter De Crem (CD&V) succède à Jan Jambon à l’Intérieur. Zuhal Demir (N-VA) laisse l’Égalité des chances à Kris Peeters (CD&V).
Les réactions de l’opposition
L’opposition s’étonne et n’entend pas soutenir ce gouvernement minoritaire, censé notamment trouver des partenaires pour approuver le budget. Sur La Première (RTBF), le chef de groupe MR à la Chambre David Clarinval souligne que le seul problème qui s’est posé avec la N-VA concerne le pacte des migrations. Il précise qu’il existe toujours des accointances sur les dossiers socio-économiques et il n’imagine pas que la N-VA puisse voter contre le budget.
“Le cirque continue“, a indiqué dimanche, toujours sur La Première (RTBF), la coprésidente d’Ecolo Zakia Khattabi, le chef de groupe PS à la Chambre Ahmed Laaouej dénonçant de nouvelles “entourloupes“. Pour l’opposition, il existe un problème constitutionnel à partir du moment où les ministres N-VA n’ont pas formellement démissionné du gouvernement, que le Roi n’a pas nommé de nouveau ministre, ou que le Premier ministre n’a pas révoqué les ministres N-VA.
Pour le président de DéFI, Olivier Maingain, la N-VA obtient gain de cause sur son objectif initial, celui de s’opposer aux institutions du pays.
#crisegouvernementale @de_NVA mise hors jeu.une nouvelle victoire du parlement. Il a fallu la ténacité de l' opposition pour révéler la vraie nature de ce parti et forcer #CharlesMichel à renoncer à son alliance néfaste pour nos citoyens et déstabilisante pour notre pays .
— Olivier Maingain (@OlivierMaingain) December 8, 2018
Pour David Clarinval, l’opposition joue aux “vierges effarouchées“, elle “semble découvrir ce qu’est un gouvernement minoritaire“. Le président du MR Olivier Chastel a lancé un appel à soutenir le gouvernement sur une série de textes de loi. Pour la cheffe de groupe Catherine Fonck, le cdH estime que soutenir ce gouvernement par le simple fait qu’il est appelé orange bleue, côté néerlandophone “est une toute autre question” après les “mesures brutales” prises durant quatre ans. Le sp.a a indiqué qu’il ne soutiendrait pas ce gouvernement minoritaire.
La Rédaction en ligne; Belga