Crèches : les puéricultrices se sentent oubliées

Depuis le début de la crise, il est un secteur dont on n’entend pas souvent parler : celui de la petite enfance. À Bruxelles, le personnel des crèches se sent oublié. Pourtant, il assume un rôle déterminant dans la société.

Grandement soutenus par l’ONE et leurs pouvoirs organisateurs, les membres du personnel des crèches ne cherchent pas à revendiquer. Ils souhaitent avant tout être entendus par l’ensemble de la société.

Dans cette crèche de Molenbeek, fatigue et crainte rythment le quotidien. Malgré la pandémie, impossible de respecter les gestes barrières. Les travailleuses de première ligne appellent à plus de reconnaissance. Patricia Gillet, puéricultrice, témoigne : “On a l’impression d’être les oubliés de la crise. On ne parle pas de notre profession alors qu’on fait partie de ceux qui sont tout le temps en contact étroit avec les enfants. On applique vraiment tout le protocole sanitaire mais c’est impossible de respecter tous les gestes barrières. On veut faire aussi attention à nos familles et on a aussi peur du virus, comme tout le monde“.

Pour Isabelle Wauters, directrice de l’établissement, c’est un vrai casse-tête. En plus des tâches quotidiennes habituelles, elle doit prendre en charge les mesures spéciales Covid. Dans les crèches, un protocole est à respecter en cas d’infection au sein d’une équipe. À savoir, si un membre du personnel est infecté ou soupçonne l’être, toute la section de l’établissement en question doit fermer.

Un constat qui selon cette directrice, doit être réfléchi, puisque la moitié de ses employés a déjà été contaminée et est immunisée : “On avait déjà des puéricultrices qui avaient été malades lors de la première vague. Donc nous, on considérait que celles qui avaient déjà été contaminées ne pouvaient plus l’être pour au moins 8 semaines. Et donc, on aurait préféré garder les enfants à la crèche plutôt que de les renvoyer à la maison, et alors risquer de contaminer les grands-parents“. Sa crainte, devoir annoncer aux parents la fermeture de sa crèche.

De mai à mi-octobre, l’ONE a recensé 1333 cas de quarantaine, 43 maisons d’accueil et 22 sections fermées pour la fédération Wallonie Bruxelles. Ils expliquent par ailleurs que les cas de fermeture d’établissement augmentent fortement depuis ces dix derniers jours, en corrélation avec l’augmentation de malades. Ils affirment comprendre le personnel et réfléchissent à des solutions afin d’éviter que la situation ne s’aggrave. En attendant, ils applaudissent le courage dont fait face le secteur et soulignent l’importance du rôle qu’il joue dans notre société.

■ Reportage de Daphné Fanon et Nicolas Scheenaerts, avec Lola Depaepe