Contrat de gestion de la Stib : le PS claque la porte du conseil d’administration et bloque le gouvernement

Ce lundi, le nouveau contrat de gestion de la Stib pour 2024-2028 devait être présenté à la presse. Mais lors du conseil d’administration de ce matin, le représentant du PS et vice-président du conseil d’administration, Lotfi Mostefa, a claqué la porte de la réunion, annonçait la RTBF. Impossible de signer un contrat qui laisse la possibilité à l’indexation des tarifs préférentiels de la Stib, nous détaille-t-il. Ce qui passe mal du côté des Verts.

Lors du gouvernement de jeudi dernier, les ministres bruxellois s’étaient accordés sur le futur contrat de gestion de la Stib, tous partis confondus. Concernant l’indexation des tarifs, selon nos informations, le contrat de gestion prévoit l’indexation automatique des tarifs selon l’indice santé, à l’exception des tarifs préférentiels. Chaque année, les tarifs de la Stib doivent augmenter au même rythme que celui des salaires.

Par contre, les tarifs préférentiels de 12 euros pour les seniors et les moins de 25 ans doivent être indexés à partir de 2025, uniquement lorsque le cumul des index les feront croître de plus d’un euro. En somme, s’il faut trois ans pour que l’indexation fasse passer l’abonnement de 12 à 13 euros, alors, il n’y aura pas de changement de prix avant cette date. Pour le gouvernement, c’était une manière d’éviter un rattrapage trop important des tarifs comme cela a été le cas avec le prix de l’eau. Ainsi, la Stib se rapprochait du mode de fonctionnement décidé à la SNCB.

C’est sur cette base que le gouvernement avait validé le contrat de gestion. Techniquement, il attendait le conseil d’administration de la Stib de ce lundi pour le valider officiellement et ne pas contourner le pouvoir décisionnel des administrateurs de la société de transports en commun.

L’article 94 remis en question

Coup de théâtre donc ce lundi matin avec l’administrateur socialiste. Le vice-président, Lotfi Mostefa, décide de quitter la réunion. “Nous ne pouvons pas laisser passer cet article 94, nous a-t-il expliqué. Nous nous sommes battus pour cet abonnement à 12 euros. Il est impossible pour nous de l’indexer, car nous défendons les utilisateurs les plus défavorisés. Je demande donc à la ministre de la Mobilité, Elke Van den Brandt, de revenir avec un nouvel article. Le CA dispose encore de son autonomie.”

Du côté des Verts, la pilule passe très mal. “Toute cette histoire est incompréhensible, explique le cabinet d’Elke Van den Brandt. Initialement, le texte, mis sur la table par la ministre de la Mobilité, immunisait les tarifs préférentiels. Le gouvernement en a décidé autrement, avec l’accord clair du PS. Ce n’était d’ailleurs pas une indexation puisque le gouvernement bruxellois peut aussi décider de prendre en charge l’augmentation des coûts sans répercussion sur le prix de l’abonnement.”

“Le PS n’est pas d’accord avec le PS”

Pour les écologistes, il s’agit essentiellement d’une guerre interne au PS. A bonne source, on nous dit que “le PS n’est pas d’accord avec le PS et que donc le PS bruxellois semble avoir tendance à être une poule sans tête à l’approche des élections.” Il s’agirait d’un coup de force du président de la fédération bruxelloise du PS et candidat ministre-président, Ahmed Laaouej, qui souhaite montrer aux électeurs qu’il défend les intérêts des plus fragilisés, mieux que le PTB.

Lors du dernier baromètre publié par Le Soir, le PTB est en tête des intentions de vote à Bruxelles pour la Chambre. De quoi déboussoler les socialistes. Cette opposition au conseil d’administration de la Stib ressemble à un désaveu des décisions prises par l’actuel ministre-président Rudi Vervoort et la secrétaire d’Etat, Nawal Ben Hamou. “Je ne suis pas d’accord. C’est un désaveu de la ministre de la Mobilité, Elke Van den Brandt,” nous assure Lotfi Mostefa.

D’ailleurs au PS, on préfère dire que le gouvernement peut prendre des décisions et que le conseil d’administration de la Stib peut faire des propositions légitimes qui seront examinées.

En attendant une solution, tous les dossiers du gouvernement sont bloqués. Un accord devra être trouvé le plus rapidement possible, car le contrat de gestion doit être validé avant la fin de l’année. Le dernier gouvernement aura lieu, lui, ce jeudi. Et certains craignent que d’autres blocages du genre n’arrivent encore d’ici au 9 juin.

Vanessa Lhuillier – Photo: BX1

 

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18 décembre 2023 - 14h48
Modifié le 19 décembre 2023 - 08h44