Commission spéciale Covid : vers l’adoption de 183 recommandations
En gros, les recommandations couvrent la manière dont la crise a été gérée à Bruxelles dans ses volets prévention, sécurité et coordination; social et santé; économie et emploi. Un quatrième volet, plus transversal, reprend des recommandations en matière de limitation des libertés, de contrôle démocratique et de vie privée.
A l’exception du PTB, l’ensemble des groupes politiques, comme de l’opposition ont exprimé leur soutien au texte, rédigé par les rapporteurs Delphine Chabbert (PS) et Juan Moreno Benjumea (Groen), est-il ressorti lundi de la conférence de presse commune de présentation, avant un ultime débat entre commissaires.
MR, NVA, CDH, CDV satisfaits
La cheffe du groupe MR, Alexia Bertrand, a d’ailleurs salué, au delà de leur travail, le risque pris par le président Rachid Madrane et les rapporteurs d’inviter tous les groupes à la conférence de presse de présentation “sans savoir ce que ceux-ci allaient dire“. Indépendamment de propositions libérales d’amendement, il y a toutefois deux bémols, à ses yeux: les primes ont été selon elle beaucoup moins importantes à Bruxelles et plus tardives que dans les deux autres Régions. Il faut en outre un leadership plus important au sein de la Région-capitale et élaborer un contrat de gestion pour Iriscare.
Le député N-VA Gilles Verstraeten s’est montré moins virulent qu’en d’autres occasions. “Ce document n’est pas mon programme de parti. Il ne résout pas tous les problèmes de la Région bruxelloise, mais je suis très reconnaissant de la méthode adoptée. Nous avons été correctement impliqués dans les discussions. Nous avons pu u retrouver plusieurs de nos propositions“, a-t-il dit.
Tout en se montrant elle aussi satisfaite de la méthode retenue, Céline Fremault (cdH) a insisté sur trois demandes chères à sa formation: la mise en place d’un plan générique multirisques pour permettre une mobilisation rapide des ressources; une réflexion de fond sur le trajet du vieillissement; et examiner ce qui a été fait sous le régime des pouvoirs spéciaux. Pour le cdH, il subsiste d’immenses zones d’ombre sur ce qui s’est passé avant le 12 mars 2020. Bianca Debaets l’a rejointe sur la nécessité d’un meilleur balisage juridique des pouvoirs spéciaux et de l’action du gouvernement en temps de crise. L’élue CD&V est a également plaidé pour un test de bien-être mental et pour la valorisation des aidants proches, qui se sont vu refuser l’accès aux Maisons de Repos.
Le PTB estime que l’on est pas allé jusqu’au bout de l’exercice. “Quand le ministre Maron et le ministre-président Vervoort disent devant nous que des erreurs ont été commises, nous ne savons toujours pas lesquelles et par qui”, a commenté la cheffe de groupe Françoise De Smet. Pour elle, il y a eu un manque d’anticipation de la deuxième vague notamment au niveau du testing et il n’y a pas eu de réponse sur les erreurs commises sur ce plan. Enfin, le PTB demande la refédéralisation des soins de santé, et les recommandations n’en disent mot.
Dans la majorité, Marie Nagy (DéFI) et Delphine Chabbert (PS) ont plaidé pour la continuité des services publics en présentiel afin de maintenir le contact avec les plus vulnérables. Magali Plovie (Ecolo) a souligné que le parlement, garant de la démocratie, devrait pouvoir continuer à travailler en temps de crise.
Un rapport de 1000 pages
Le rapport des travaux fait mille pages. Il reste encore quelques heures, ce lundi, aux commissaires pour défendre leurs derniers amendements, mais il n’y aura plus guère de surprise.
Les recommandations présentées lundi dans les grandes lignes à la presse par les rapporteurs Delphine Chabbert (PS) et Juan Benjumea-Moreno (Groen), le président de la commission Rachid Madrane (PS) et les représentants de chaque groupe représenté dans la commission seront adoptées à une large majorité.
La méthode de travail suivie par la président et les deux rapporteurs a été applaudie jusque dans les rangs de l’opposition MR, N-VA, et cdH, dont plusieurs propositions de recommandations ont été intégrées à l’ensemble.
En gros, les recommandations couvrent la manière dont la crise a été gérée à Bruxelles dans ses volets prévention, sécurité et coordination; social et santé; économie et emploi.
Un quatrième volet, plus transversal, reprend des recommandations en matière de limitation des libertés, de contrôle démocratique et de vie privée.
“Nous avons dû souvent éteindre des incendies durant cette crise, mais si on veut en prévenir et limiter le risque, il faut prévoir un plan pandémie avec une capacité suffisante en matériel et en personnel et agir plus vite sur la balle. Il faut une unité de commandement, un commandant de pompiers, mais aussi des pompiers sur le terrain avec connaissances. Il faut une unité de communication au niveau national et même européen. Il faut une échelle pour aller aider ceux qui se trouvent les plus exposés à l’incendie“, a résumé de façon fort imagée Juan Benjumea-Moreno.
“Démarche rassembleuse”
Delphine Chabbert a souligné que les rapporteurs avaient adopté la démarche la plus rassembleuse et le plus concertée avec l’ensemble des groupes pour avoir un texte le plus large et le plus partagé possible. Le choix a aussi été fait d’une exhaustivité très large pour rendre justice aux paroles des gens qui avaient besoin d’être entendus et rendus visibles.
Les recommandations ont par ailleurs l’ambition de permettre au gouvernement bruxellois de disposer d’un plan de travail et d’aboutir à un autre modèle de gestion de crise car personne n’était préparé à celle-ci, a souligné la rapporteuse socialiste.
Belga – Photo : Belga/Nicolas Maeterlinck
► Reportage de Michel Geyer, Marjorie Fellinger et Sandrine Rondeau