Ben, survivant du Bataclan, témoignera au procès des attentats du 13-Novembre: “Une étape sur le chemin de la résilience”
Le 13 novembre 2015, Ben se trouvait avec son frère au concert des Eagles of Death Metal au Bataclan, à Paris. Alors qu’ils vivaient “l’un des meilleurs concerts”, trois terroristes ont tiré sur la foule, tuant 90 personnes et faisant de nombreux blessés. Ben nous raconte son témoignage.
Alors que le procès des attentats du 13-Novembre s’ouvre à Paris ce mercredi, nous avons rencontré Ben*, un Français de 40 ans expatrié à Bruxelles, où il vit maintenant depuis trois ans. Le 13 novembre 2015, il était au Bataclan avec son frère, pour écouter le concert des Eagles of Death Metal, lorsque l’attaque terroriste a eu lieu. Il se souvient avec précision de ce qu’il s’est passé.
“Au début, je ne me suis pas douté un seul instant qu’il s’agissait d’une attaque terroriste. Le concert était tellement fou, tellement joyeux que je pensais à de la pyrotechnie. Après, on avait l’ingénieur lumière juste devant nous. Je le voyais tripoter tous ses boutons, je me suis dit ‘merde, il doit y avoir un court-circuit’. Mais il a très vite allumé toutes les lumières blanches. Et là, on voit toute la vague de la fosse qui se jette sur la scène.”
Quelques mots avec l’un des terroristes
Avant de s’échapper par les toits, Ben a même parlé quelques instants avec l’un des terroristes. “Au bout de l’allée, je vois mon frère et un terroriste au-dessus de lui, qui me dit de fermer la porte de l’issue de secours. Moi, dans un réflexe un peu humain et bête, je le supplie de ne pas tirer sur mon frère qui était à ses pieds. Ça a duré une vingtaine de secondes, le temps de communiquer. Il m’a dit 3, 4 fois de fermer la porte avant de s’en aller.”
Ben et son frère se sont réfugiés dans un appartement, où ils ont attendu les unités spéciales pendant la nuit. Le procès de ces terribles attaques – qui ont fait au total 130 morts et des centaines de blessés – s’ouvre ce mercredi 8 septembre 2021 à Paris. Le verdict est attendu pour mai 2022. Ben viendra témoigner dans le courant du mois d’octobre. Un moment important pour lui, même s’il n’en attend pas grand chose d’un point de vue juridique. Cela lui permettra avant tout “d’avancer sur le chemin de la résilience“.
“Je ne vais pas dire que je n’ai pas eu peur sur le moment – j’ai craqué après – mais sur le moment on se trouve dans l’action. J’ai pu passer cette épreuve là, je ne vois pas pourquoi je ne vais pas passer l’épreuve de témoigner. On ne va pas les laisser s’en sortir comme ça“.
Aujourd’hui, Ben va mieux et se reconstruit peu à peu. S’il appréhende de se retrouver face aux accusés, rien ne l’empêchera de témoigner. Pour raconter sa vérité. Et surtout : continuer d’avancer.
■ Reportage de Camille Tang Quynh, Arnaud Dedier et Laurence Paciarelli
*Le témoin a demandé que son nom de famille ne soit pas divulgué.